Même en ville, on retrouve des pesticides. C’est l’un des enseignements d’une campagne de mesures de l’observatoire régional de l’air en Occitanie (Atmo) en 2018 et 2019, menée sur huit sites de la région. Arboriculture dans le Tarn-et-Garonne, grandes cultures dans le Lauragais, viticulture dans le Lot et le Gard et impact dans les métropoles de Toulouse et Montpellier, cette étude révèle que, sur 110 molécules recherchées, allant des herbicides aux insecticides et fongicides, 61 ont été détectées par les capteurs d’Atmo.
« Aucune règlementation française ou européenne n’existe pour surveiller les pesticides dans l’air, contrairement à l’eau et au sol », rappelle Régine Lange, première vice-présidente d’Atmo. « Cette étude permet d’affirmer que oui, il y a des produits phytosanitaires dans l’air mais nous ne pouvons pas dire si cela est dangereux pour la santé. L’objectif est d’établir un indicateur pesticide et des valeurs limites règlementaires dans une stratégie nationale en cours de réflexion. »
Rôle de la météo et du climat
Ces pesticides sont liés aux cultures dominantes des territoires et dépendent des saisons et la météo. Dans l’Aude, un pic de fongicides utilisés dans les vignes a par exemple été constaté à l’été 2018, expliqué par la présence de mildiou favorisé par un temps pluvieux. Les résultats montrent ainsi des concentrations en pesticides supérieures à la moyenne nationale dans ce département. Le site observé dans le Tarn-et-Garonne enregistre trente-neuf substances différentes, soit le plus touché par les pesticides, en raison de la multiplicité de ces diverses pratiques agricoles.
Et, pour tordre le coup aux idées reçues, les métropoles régionales urbanisées sont elles aussi touchées par cette pollution, puisque vingt-neuf pesticides ont été détectés à Toulouse et vingt-deux à Montpellier, soit plus que dans certaines zones rurales de la région comme le Lot ou le Lauragais. « Ce constat permet d’effacer certaines idées reçues et de constater que les phytosanitaires se déplacent avec les masses d’air », note Dominique Tilak, directrice générale d’Atmo. « Cela peut aussi s’expliquer par l’utilisation possible, plus localement, de pesticides par différents types d’utilisateurs. À Toulouse, des traces de l’herbicide prosulfocarbe ont été enregistrées d’octobre à décembre 2018. L’influence du transport par vent d’Autan et vent d’ouest des traitements agricoles appliqués en zone rurale à plusieurs dizaines de kilomètres du site de mesure pourrait en être la cause. »
Sur l’ensemble des pesticides mis en évidence en Occitanie, trente-et-un présentent un caractère de perturbateur endocrinien. Avec cette étude, Atmo espère aussi encourager les évolutions des pratiques agricoles et mieux connaitre leur impact sanitaire, avec pour objectif de définir à l’avenir des valeurs limites règlementaires.
Julie Rimbert
Sur la photo : Un agriculteur contribue à la dispersion de pesticides ou produit phytosanitaire dans l’air de l’Occitanie. Ces produits chimiques se retrouvent aussi dans les nappes phréatiques. Crédit : Rémy Gabalda - ToulÉco.