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Journée 123 Climat : Atténuer et s’adapter au réchauffement climatique, le double défi

La journée 123 Climat, organisée cette année encore à la CCI de Toulouse, était consacrée à l’adaptation au réchauffement climatique. Si celui-ci ne peut plus être complètement évité, la société et le monde économique peuvent encore tenter de l’atténuer et de s’adapter à ses effets. Lors de la matinée, la prise de parole de l’ingénieur Ilian Moundib a été particulièrement appréciée par les participants.

Des vagues de chaleur estivales de plus en plus longues et de plus en plus en plus chaudes. Des zones de plus en plus sèches ou, au contraire, confrontées à des inondations de plus en plus violentes. Des catastrophes climatiques de plus en difficilement contrôlables et nombreuses. Le futur que nous décrit Ilian Moundib, ingénieur spécialiste des questions de résilience climatique est peu réjouissant. « Toutes les organisations doivent intégrer l’irréversibilité du réchauffement en cours. Les enfants nés en 2020 vont peut-être connaître une évolution de la température moyenne de +4°C dans leur vie, là où les personnes nées en 1950 ne connaîtront une variation que de +1 ou 2°C. Nous sommes dans un moment compliqué où il faut construire une adaptation d’intérêt générale à cette réalité que nous vivons, alors que la recherche sur le réchauffement est malmenée violemment, en particulier aux États-Unis », décrit l’auteur de S’adapter au changement climatique, dans la collection Fake or not, aux éditions Tana.

Le chercheur choisi pour ouvrir cette édition 2025 des Rencontres 123 Climat se montre sans concessions vis-à-vis du système économique actuel et de sa responsabilité : « C’est un peu un cheval mort qui reste debout malgré son décès. Nous devons faire face à ce que l’auteure américaine Naomi Klein appelle le “capitalisme du désastre” dans son ouvrage La stratégie du choc. Le système économique tente de perdurer face aux cataclysmes en s’attaquant au secteur public. » Il attaque aussi « les responsables politiques dans le déni face à la vague de migration climatique qui va nécessairement advenir ».

La fin de son propos est un peu plus optimiste. « L’histoire de l’humanité est faite de cycles de pénurie et d’abondance. Nos instituions balancent entre entraide et compétition. Nous arrivons peut-être à une période où l’entraide, en particulier localement, va se renforcer. Il va falloir plus coopérer pour faire naître des systèmes plus robustes écologiquement et socialement. À la métaphore du colibri, je préfère celle de l’abeille. On peut penser à un système comme la sécurité sociale de l’alimentation, où chaque individu reçoit 100 euros pour se nourrir chaque mois localement et de manière plus durable auprès d’acteurs de son territoire. Notre futur sera collectif ou ne sera pas », estime Ilian Moundib, très applaudi par le public réuni dans une grande salle de la CCI Toulouse Haute-Garonne.

« Il va falloir éviter l’évitable et s’adapter à l’inévitable »

Un peu plus tard, des intervenants s’interrogent sur la meilleure manière pour les entreprises de réussir leurs “stratégie bas-carbone”. « Il faut que les entrepreneurs se posent et réfléchissent. Dans le monde qui est en train de venir, quelle va être ma capacité à m’approvisionner en matériaux ? Mes implantations sont-elles risquées climatiquement ? Mes produits sont-ils toujours viables dans un monde en réchauffement ? Y aura-t-il encore des clients pour vouloir acheter mes productions, mes services dans un monde bas-carbone ? », résume Nicolas Motheau, directeur et associé chez Mobeetip, société de conseil qui accompagne les organisations dans leur transition écologique.

Pour Laure Valette, chargée de mission climat à la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) Occitanie, il faut que les entreprises, comme le reste de la société, « mènent de front adaptation et atténuation du réchauffement climatique ». « Dans le monde, les émissions de gaz à effet de serre ne diminuent pas, donc il est nécessaire de s’adapter. Les entreprises doivent donc se projeter dans un monde qui pourra être à +4°C. Mais si leurs actions peuvent contribuer d’une manière ou d’aune autre à atténuer un des paramètres du réchauffement, il ne faut surtout pas arrêter ces projets-là. Tout n’est pas complétement plié. Il va falloir éviter l’évitable et s’adapter à l’inévitable », considère la chargée de mission Climat. Elle croit encore aux vertus du label bas-carbone.

Les représentantes de l’État ou des collectivités locales qui sont intervenues au fil de la matinée se sont voulus confiantes. Émilie Dalix, conseillère régionale de la Région Occitanie et présidente d’Atmo, agence régionale agréée chargée de la surveillance de la qualité de l’air, a mis en avant « l’engagement fort de la Région en matière de souveraineté énergétique », citant de nombreuses actions : plan de rénovation énergétique des bâtiments, ouverture de deux parcs éoliens flottants à Port-Nouvelle, développement de l’hydrogène avec le projet Hyd’Occ, etc.

Laurence Vaglio, coordinatrice Climat chez Bpifrance, souligne pour sa part les investissements financiers importants de la banque publique d’investissement. « En Occitanie, nous avons investi, pour notre premier plan Climat, 1,5 millard d’euros afin de rendre le mix énergétique plus durable. Nous avons accompagner 450 jeunes pousses porteuses de solutions écologiques et nous avons consacré 200 millions d’euros pour soutenir la transition écologique des entreprises occitanes. » « Nous ne voulons pas subir la transition, nous voulons la copiloter », affirme, volontariste, Émilie Dalix. Après avoir assisté à cette édition 2025 de 123 Climat, on se dit que le défi est immense.
Matthias Hardoy

Sur la photo : Ilian Moundib, ingénieur spécialiste des questions de résilience climatique, auteur de "S’adapter au changement climatique", dans la collection Fake or not, aux éditions Tana. // Émilie Dalix, conseillère régionale de la Région Occitanie et présidente d’Atmo, agence régionale agréée chargée de la surveillance de la qualité de l’air. Crédit : Rémy Gabalda - ToulÉco.

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Source : https://www.touleco-green.fr/Journee-123-Climat-Attenuer-et-s-adapter-au-rechauffement,45862