Débat OGM 2e partie : Les Faucheurs volontaires traquent les plantes mutées

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L’étude de Gilles-Eric Séralini a déclenché un tsunami dans le monde de la recherche, de l’agriculture et de la politique. Midi-Pyrénées a signé de son côté en 2003, la Charte des régions Sans OGM. Après la mission Agrobiosciences, ToulÉco Green, qui prend en compte toutes les voix sur cette question de société, donne la parole cette semaine aux Faucheurs volontaires. Le mouvement voit dans cette étude de nouvelles raisons de mener le combat.





Le mouvement des Faucheurs volontaires a porté la question des OGM sur la place publique, bien que son terrain de prédilection soit les champs où pousse le maïs génétiquement modifié. Le mouvement est né en 2003, sur le plateau du Larzac en Midi-Pyrénées, et Jacques Dandelot, coordinateur en Haute-Garonne, est un faucheur de la première heure. « Je ne pouvais pas accepter que l’on nous impose, de manière non démocratique, ces OGM, avec tous les risques afférents, alimentaires, sanitaires et sociaux. Notre discours est simple : il subsiste un gros doute sur le plan de la santé, qui n’est toujours pas levé. »

L’objectif numéro 1 des Faucheurs volontaires est donc la réalisation d’une étude indépendante des firmes. « Les scientifiques qui sont contre Gilles-Éric Séralini et qui posent la question de la fiabilité de l’étude, ne questionnent pas les résultats présentés par les firmes, qui font les essais et les résultats. Il faut que des laboratoires indépendants aient le temps suffisant de réaliser leurs recherches. Et que le doute soit levé, dans un sens ou dans un autre. » 



Exiger une plus grande transparence des études menées, ce n’est pas aller contre la recherche, estime Christine Thelen, agricultrice biologique en Aveyron, et Faucheuse volontaire. « Les OGM sont des plantes dont on transforme l’ADN, il y a forcément des conséquences sur l’environnement et sur la santé. Si Monsanto arrête ses études à trois mois, c’est que le groupe sait pertinemment qu’au delà il y a des effets néfastes ! Les études longues ne les arrangent pas.... Ce que nous demandons au sein de la Confédération paysanne, c’est d’arrêter l’importation de soja transgénique, et de retrouver une autonomie alimentaire, à travers par exemple la culture de la luzerne. »



Quelle loi en France pour les OGM ?


Les actions de fauchage de parcelles d’essais transgéniques ont valu aux Faucheurs des peines de prison et de lourdes amendes. En 2007, la France comptait 22.000 hectares de maïs Mon810, dont 17000Ha sur les régions Aquitaine et Midi-Pyrénées, et 7000Ha en Haute-Garonne. Un an plus tard, les faucheurs remportent une victoire de taille : le moratoire qui interdit la culture du maïs Mon810 en France. « Il a été reconduit en 2012, mais il reste très fragile », rappelle Jacques Dandelot. « Le conseil d’Etat n’a pas encore rendu son avis sur un recours en interdiction déposé par l’AGPM, l’Association générale des producteurs de maïs, un organisme très pro-OGM. »

Les Faucheurs ont repris la faux cet été pour s’attaquer à une nouvelle sorte de plantes transformées en laboratoire, puis cultivées en plein champ. « Nous avons aujourd’hui un nouveau combat », explique Jacques Dandelot, « celui des plantes mutées, comme le tournesol ou le colza. On transforme leurs gènes en laboratoire, puis on les plante. Le poids des lobbyings est tel qu’ils ont glissé un alinéa à la Directive européenne 2001.18 qui dit que les plantes obtenues par mutagénèse sont exclues de la législation sur les OGM. »

Virginie Mailles Viard











La privatisation du vivant

Aujourd’hui, aux États-Unis, les semences sont protégées par des brevets. En Europe on recourt à un COV, un certificat d’obtention végétale. « Le résultat est sensiblement le même », estime Jacques Dandelot, « et la législation sur le droit pour les paysans de resemer une partie de leurs récoltes est de plus en plus restrictive. »

 Relire la première partie du débat sur les OGM posé par ToulÉco Green : La Mission Agrobiosciences réclame une nouvelle expertise
 Relire la troisième partie du débat sur les OGM posé par ToulÉco Green:Europe Ecologie-les-Verts demande le retrait des OGM des cantines des lycées

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Source : https://www.touleco-green.fr/Debat-OGM-2e-partie-Les-Faucheurs