En préambule à la Cop21, la journée 123 Climat a mobilisé près de 400 personnes dans les locaux de Toulouse Business School à Entiore. Conférences, témoignages et ateliers ont permis de plancher sur les solutions concrètes face au réchauffement climatique déjà sensible en Midi-Pyrénées. Selon Météo France, l’observation des températures sur le dernier siècle fait état d’un réchauffement moyen de 1,6 degré en Midi-Pyrénées et la température moyenne devrait augmenter au minimum d’un degré d’ici 2050. « Le climat actuel va se déplacer de 150 kilomètres vers le nord et Toulouse pourrait se retrouver avec le climat du Maroc ou de l’Andalousie », a souligné Valéry Masson, chercheur à Météo France.
Si l’action sur le changement climatique est souvent associée à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, Rachel Jouan, enseignante à TBS et consultante en adaptation au réchauffement climatique a rappelé aux collectivités et entreprises l’importance de l’adaptation. « Le climat a un impact sur nos territoires : risques d’inondations, de canicules, stress hydriques, baisse de l’enneigement, hausse des prix des matières premières et de l’énergie etc. Pour les entreprises, cela crée des risques et des opportunités. »
Anticiper les risques
« Les politiques n’ont pas attendu la Cop21 pour agir sur l’atténuation des gaz à effets de serre dans les secteurs prioritaires que sont les transports et le bâtiment », a rappelé Elisabeth Toutut-Picard, présidente de la commission Environnement et développement durable de Toulouse Métropole. Et de souligner que « le nouveau plan climat énergie territorial a ajouté la compétence de l’air et les politiques d’adaptation, une réflexion qui passe par la gestion anticipée des risques. » Comme éviter d’imperméabiliser les sols et d’augmenter l’îlot de chaleur urbain en bétonnant.
Sur la future grande région qui sera la première région viticole française, une hausse des températures pourrait avoir des conséquences dramatiques. Dans le sud-est, les dégâts dus aux inondations de 2014 ont couté 600 millions d’euros et 1800 entreprises ont été impactées. Didier Gardinal, président de la CCI Midi-Pyrénées conseille de veiller à ses contrats d’assurance et d’agir en prévention même si cela nécessite des investissements. « C’est aussi le moyen de créer des avantages compétitifs et d’identifier de nouveaux marchés. »
Changer de logiciel
Les entrepreneurs doivent chausser des lunettes long-termistes pour choisir ensuite les priorités. Selon Rachel Jouan, « il faut se concentrer sur la robustesse de son business, rechercher la sécurisation de ses investissements et faire un état des lieux de sa vulnérabilité du sourcing à la vente. » A ce titre, le développement du numérique propose des outils de visualisation prédictive des impacts du changement climatique, comme le portail Drias proposé par les laboratoires français de modélisation du climat dont Météo France et le Cerfacs.
Finalement, les solutions sont collectives et invitent à une nouvelle gouvernance des entreprises et des collectivités. Selon Gérard Poujade, président de l’Arpe, il faut arrêter l’auto-satisfaction et se fixer des objectifs significatif et ambitieux. « L’agenda 21 de l’Arpe invite les territoires d’ici 2025 à devenir des territoires à énergie positive, entièrement compensés carbone et zéro pauvreté. » Et de citer l’impact positive de la redevance incitative où les déchets sont facturés en fonction de ce qui est jeté. « C’est mis en place à Besançon, cela nécessite peu de financement et ça marche. » Pour William Vidal, président d’Ecocert qui a doté le groupe du premier bâtiment à énergie positive en paille et bois locaux, il faut mettre en place de nouveaux tableaux de bords dans les organisations : « Faire son bilan carbone, eau, biodiversité, social et essayer de compenser quantitativement et qualitativement ses externalités négatives. C’est vrai pour tous : les particuliers, les collectivités et les entreprises. »
Aurélie de Varax
Crédits photos : Hélène Ressayres Touléco.
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