Atmo essaye une autre stratégie. Chargée de la surveillance de la qualité de l’air, l’agence régionale avait l’habitude de communiquer classiquement sur les hausses ou baisses de chaque polluant atmosphérique. Cette fois, elle met en avant les impacts positifs de l’amélioration de la qualité de vie sur la santé des habitants de la région toulousaine [1]. Le résultat d’une étude menée en partenariat avec l’Agence Régionale de Santé (ARS) Occitanie. La baisse de 40 % de la concentration annuelle en particules fines PM2.5 entre 2009 et 2019 fait chuter de 159 à 73 le nombre de décès par an pour 100.000 habitants. Soit une baisse de mortalité due à ces polluants de l’ordre de 53 %.
Les maladies causées par la pollution seraient aussi en baisse. Atmo communique ainsi sur une réduction de 30 à 15 accidents vasculaires cérébrales par an pour 100.000 habitants attribuables aux particules fines, soit une baisse de 51 %. Les cancers du poumons dus aux PM2.5 ont été divisés par deux, passant de 13 à 6 par an pour 100.000 habitants [2].
Autre polluant, le dioxyde d’azote (NO₂). Sa concentration annuelle a diminué de 17 % entre 2009 et 2019, selon l’agence, et le nombre de décès par an pour 100.000 habitants dus au NO₂ serait passé de 27 à 19, soit une baisse de mortalité de 30 %.
Inégalité sociale et événement national
En revanche, en ce qui concerne l’exposition aux polluants, les inégalités sociales auraient augmentées en dix ans, d’après les chiffres de l’Atmo. En effet en 2009, la concentration en PM2.5 à laquelle était confrontée les classes les plus défavorisées était 5 % plus importante que celle vécue par les classes les plus favorisées. En 2019, elle était 8 % plus importante. La mortalité du à ce polluant était 26 % plus importante en 2009 chez les classes les moins aisées. Dix ans plus tard, elle est 30% plus importante.
Atmo Occitanie va pouvoir présenter en profondeur tous les autres résultats contenus dans son étude à l’occasion des troisièmes rencontres internationales Air-Santé, qui ont lieu le 6 et 7 février à Toulouse. Il sera là aussi question des impacts positifs de l’amélioration de la qualité de l’airsur la santé, ainsi que du durcissement des seuils de qualité de l’air de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui va bientôt aboutir à un durcissement des normes européennes en la matière.
« Il s’agira de voir comment les nouvelles recommandations de l’OMS peuvent entraîner encore davantage une prise de conscience par rapport à la gravité de la pollution et générer des changements dans les pratiques. Il faut éclairer les citoyens, car c’est un enjeu dont il sera question dans les prochaines élections, en particulier européennes », estime Agnès Langevine, présidente d’Atmo et vice-présidente de la Région Occitanie en charge du Climat, du pacte vert et de l’habitat durable. María Neira, directrice du département de santé publique du l’OMS, Corine Lepage, ancienne ministre de l’Environnement, qui a notamment porté la loi dite Laure concernant la pollution de l’air, ou encore Fabien Squinazi, président de la commission spécialisée sur les risques liés à l’environnement au Haut Conseil de la santé publique, participeront également aux échanges.
Matthias Hardoy
Sur la photo : Des capteurs contrôlent l’air à l’embouchure des deux canals, à proximité du périphérique toulousain. Crédits : Rémy Gabalda - ToulÉco.
Notes
[1] 117 communes réparties sur cinq les territoires de Toulouse Métropole, du Sicoval, du Muretain, des Coteaux de Bellevue et du Grand Ouest toulousain ont été étudiées.
[2] Les particules fines sont émises par les véhicules, par les dispositifs de chauffage au bois et la combustion de végétaux.