Chez Trifyl, on innove au service de l’économie circulaire. Avec l’aide de sa Commission du futur et de sa cellule innovation-recherche, le syndicat mixte du département du Tarn s’intéresse depuis plus de vingt ans aux déchets du Tarn et de l’Aveyron pour en faire, entre autre, de l’or vert. Après avoir misé sur la cogénération et le biométhane carburant en 2010, le site de Graulhet vient d’ouvrir la première station française de distribution d’hydrogène vert issu du biogaz des déchets.
Une pépite qui promet de prolonger l’autonomie d’une Kangoo électrique Renault équipée d’une pile à combustible de 120 à 300 kilomètres, avec d’ici deux ans un tarif compétitif de l’ordre de huit euros les cent kilomètres. « L’atout majeur de ce Kangoo Trifyl est qu’il roule à l’Hydrogène vert local, qu’il n’émet aucun gaz et ne rejette que de l’eau. Contrairement à Air Liquide par exemple qui fait de l’hydrogène avec du gaz acheté à Poutine », s’enthousiasme Jean-Marc Pastor, président de Trifyl.
Une station de stockage et de distribution
Cette première station correspond à la phase 2 du projet Vabhyogaz. Initié en 2007 par les Mines Albi et Trifyl, la première phase a rassemblé des partenaires régionaux, notamment l’association PHyRENEES. [1] « La première phase a permis d’établir la faisabilité technico-économique de la production d’hydrogène pure à partir du biogaz issu des déchets, une démarche pionnière en Europe. La phase 2 a mis en en place un pilote avec cette station de stockage et de distribution d’hydrogène pure à 99,99%, » expose Jean-Marc Pastor.
Concrètement, le biogaz est porté à 800 degrés et associé à de la vapeur d’eau pour produire de l’hydrogène qui est ensuite comprimée trois fois pour finir stocké à 450 bars dans des bouteilles. Le plein s’effectue en cinq minutes et provoque la remise en route du processus de transformation et de stockage. Côté acceptation sociale, « une station d’hydrogène n’est pas plus dangereuse qu’une station d’hydrocarbures classique », assure Pierre Picard cofondateur de la PME lyonnaise WH2 qui a construit et fourni la station de distribution d’hydrogène. Et pour preuve, les pompiers s’y intéresseraient pour leurs véhicules.
Cap sur l’industrialisation
C’est l’objectif de la phase 3 de Vabhyogaz pour laquelle Trifyl a mis sur pied un consortium de partenaires sur le territoire coordonné par HERA à travers sa filiale albigeoise Albhyon. On y trouve HP System, EMTA- filiale de Sarp Industrie (groupe Veolia) -, l’école des Mines et le Leclerc distribution de Gaillac qui prévoit l’ouverture prochaine d’une station. Le coût du programme est évalué à 9,8 millions d’euros dont une partie sera financée par le ministère de l’Écologie, au titre des Investissements d’Avenirs.
« La moitié sera utilisée pour développer à grande échelle la production sur le site de Trifyl, puis le transport de l’hydrogène à 300 et 500 bars dans des véhicules en matériaux composites pour supporter cette pression ainsi que la distribution dans un réseau de stations. Le reste sera notamment investi dans la valorisation du CO2 récupéré pour être transformé en dioxyde de carbone », précise Cyril Ridart, chargé de projets chez Albhyon.
Dans deux ans, six stations à l’hydrogène vert local devraient irriguer le territoire, deux à Toulouse, trois dans le Tarn (au Séquestre, au Leclerc de Gaillac et sur le site de Trifyl) et une dans l’Aveyron à Onet-le-Château. « La France a choisi le tout électrique plutôt que le couplage avec l’hydrogène comme l’Allemagne. D’ici cinq ans, la situation pourrait changer », prédit Jean-Marc Pastor.
Aurélie de Varax
Sur la photo : Jean-Marc Pastor, président de Trifyl effectue un plein à l’hydrogène vert.
Notes
[1] Elle fédère une communauté autour de l’hydrogène en Occitanie autour de l’école des Mines d’Albi, Trifyl avec des groupes comme Airbus et GDF Suez.