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Symbiosphère aide les petites bêtes à (re)faire leur nid

Faire revenir oiseaux, insectes, chauve-souris et autres hérissons dans les jardins. C’est l’objectif de la Scop toulousaine Symbiosphère grâce à ses nichoirs qui reproduisent les cavités naturelles.

« Dans un monde qui fonctionnerait correctement, on ne devrait même pas exister ! », lance avec une pointe d’ironie Leslie Faggialo. C’est cette frustration et l’agacement de constater que la sauvegarde des espèces (abeilles solitaires, hérissons, chauve-souris, mésanges bleues…) était menacée, qui ont poussé Leslie Faggalio, Yann et Pierre Le Portal, ingénieurs en environnement et menuisier, à créer Symbiosphère en 2014.

« On en avait assez de passer notre temps à rédiger des rapports alarmistes que personne ne lisait », ajoute Yann Le Portal. « Et puis nous constations que tous les nichoirs vendus dans le commerce étaient design mais absolument pas adaptés aux besoins des espèces. Le principe de Symbiosphère est de fabriquer des nichoirs qui reproduisent les cavités naturelles, de plus en plus rares dans la nature à cause de la disparition des vieux arbres. »

Collectivités et entreprises veulent leur nichoir

À sa création, Symbiosphère était exclusivement tournée vers la fabrication et la vente de nichoirs aux particuliers, mais la Scop réalise maintenant 90 % de son activité en BtoB, sous forme de conseils et suivi, et ceci représente 70 % de son chiffre d’affaires (220.000 euros en 2022). Les cibles ? Les collectivités publiques, l’État, mais aussi de grandes entreprises publiques et privées, des promoteurs, à Toulouse, Paris, dans les vignobles bordelais et en Champagne.

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Par exemple, à Toulouse, le jardin de la Préfecture d’Occitanie a fait installer sept nichoirs. Dans la Zac Malepère, le promoteur Pierre Passion installe lui aussi des nichoirs pour les pipistrelles et les abeilles solitaires dans son futur programme de logements en construction. « Les abeilles solitaires sont menacées et pourtant responsables de 80 % de la pollinisation au niveau mondial. Sans elles, plus de fruits ! » prévient Leslie Faggialo.

Une filière éthique et responsable

Symbiosphère a développé une gamme de trente-deux nichoirs de 40 à 9000 euros (quasiment une maison sur pilotis). Tous sont fabriqués dans leur atelier de Fonsorbes, près de Toulouse, par Pierre le Portal, menuisier et troisième cofondateur. Mais pour être en phase avec leurs convictions, les entrepreneurs se sont refusés à utiliser un bois "labellisé" dont ils ne connaitraient pas la provenance. « Pour la matière première, nous avons organisé notre propre filière responsable et notre bois est éthique », résume Yann le Portal. « Le bois de nos nichoirs est fourni par un petit scieur installé à Prades et qui travaille dans les règles de l’art : il ne fait pas de coupe rase, scie à la lune, à sève descendante, ce qui améliore les propriétés du bois. D’ailleurs, nous géolocalisons les parcelles pour savoir d’où viennent nos nichoirs ! »

R&D et nichoirs connectés

Pour ces scientifiques, toute installation de nichoir commence par un état des lieux. Site urbain ou pas ? Nourriture et ressources en eau à proximité ? Présence de certaines espèces déjà constatée ? « C’est en fonction de ces critères que nous proposons les nichoirs les plus adaptés à chaque site. Par exemple, pour des hérissons en voie d’extinction, pour les mésanges bleues ou pour les moineaux domestiques, particulièrement exposés à la junk-food parce qu’ils mangent les restes ! » Une fois les nichoirs installés, ils réalisent le suivi écologique. « On connaît les portées moyennes pour chaque espèce, ce qui nous permet d’extrapoler en fonction du nombre de nichoirs vendus ; et on estime aujourd’hui qu’entre 65 et 70.000 oiseaux sont nés dans nos nichoirs. »

La recherche scientifique n’est jamais loin. Lauréat de l’appel à projet Econect, lancé par le CNRS, Symbiosphère a ainsi installé des mangeoires et nichoirs connectés pour les mésanges dans l’agglomération toulousaine et en Ariège. « L’objectif est de surveiller leur état de santé, leur comportement, leur survie et leur reproduction », indique Leslie. Un autre projet de R&D est en cours avec la maison Ruinart, en Champagne, afin de concevoir un nichoir calqué sur les proportions et le positionnement des stations météos déjà utilisées par les vignerons. « Il faut pour cela imaginer des refuges à insectes compatibles avec les usages mécaniques des vignes et qui permettent de sédentariser des populations en cœur de parcelle afin qu’ils puissent passer l’hiver », explique Yann.
Béatrice Girard

Sur les photos : Leslie Faggialo et Yann Le Portal dans les locaux de Symbiosphère ou en pleine installation de nichoirs. Crédit : Rémy Gabalda - ToulÉco.

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Source : https://www.touleco-green.fr/Symbiosphere-aide-les-petites-betes-a-re-faire-leur-nid,36834