Alors que le capital fuit face à la crise, l’économie solidaire affiche 6,02 milliards d’euros au niveau national. Elle représente 0.15% de l’épargne des français, et a pour objectif d’atteindre les 1 % en 2025. [1] La particularité de celle que l’on nomme le tiers secteur est de ne pas rémunérer le capital investi. Ce qui faisait dire à l’économiste Bernard Maris que « cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de retour sur investissement. Quand l’ESS achète une machine c’est pour s’en servir, et pas pour la détruire. Mais elle ne rémunère pas la propriété du capital. Autrement dit, le profit comptable est au service d’un projet, et non une fin en soi. » Jean-Eric Florin, directeur de Midi-Pyrénées Actives renchérit : « Les banques ont de plus en plus de mal à apporter des finances. De l’argent il y en a mais il est de plus en plus mal réparti. Il faut arriver à mobiliser ces ressources pour les orienter dans le bon sens. Et ces projets n’ont pas pour but la rentabilité. Ce sont des projets militants, il faut trouver de nouvelles solutions financières. »
Des outils financiers adaptés à l’innovation sociale
Midi-Pyrénées Actives ( MPA) a placé ses antennes dans les incubateurs locaux et régionaux, comme Catalys, pour accompagner et voir mûrir des projets d’innovation sociale qui rentreront dans le giron du financement solidaire. Comme Alg&You, qui veut « mettre sur le marché des équipements de production d’algues qui vont permettre au plus grand nombre d’accéder à ces aliments de qualité au meilleur prix ». En 2015, le nouvel outil financier régional de MPA, Innov’ESS, peut mettre jusqu’à 500. 000 euros sur la table. MPA rallonge également la durée de ses prêts participatifs qui courent désormais de un an à sept ans. « Pour que les entrepreneurs aient plus de visibilité et de marge de manoeuvre pour mettre en oeuvre leur projet", explique Jean-Eric Florin. MPA accroît son soutien aux entrepreneurs prévoyant de créer au moins 5 emplois dans les 3 ans : elle peut apporter une caution bancaire sur des emprunts allant jusqu’à 100.000 euros. L’accompagnement financier des coopératives, entreprises de l’ESS, passe de 120.000 euros à 200.000 euros, sous forme de prêt à conditions préférentielles.
"L’épargne solidaire est en développement"
Une augmentation des capitaux qui répond à une difficulté rencontrée par le système bancaire, analyse Jean-Eric Florin. "En période de crise, les gens ont quand même confiance pour nous confier leur argent. L’épargne solidaire est en développement, parce que les gens veulent consacrer leur épargne à des projets prêts de chez eux. Je ne suis pas inquiet sur la collecte des capitaux solidaires. Je veux dire aux gens, faites attention à votre épargne, vous pouvez agir sur le flux financier à votre petite échelle. Et dire aux entrepreneurs de réfléchir sur leurs activités en termes d’utilité sociale. Les entreprises ont un rôle à jouer. » MPA a apporté des solutions financières pour de plus de 1 800 projets entre 2005 et 2014. En 2014, MPA a engagé près de 5 millions d’euros sur la Région, permettant la création ou la consolidation de 1 144 emplois .
Virginie Mailles Viard
Sur la photo : Jean-Eric Florin directeur de Midi-Pyrénées Actives. Photo Hélène Ressayres pour ToulÉco.
Notes
[1] Source : baromètre annuel Finansol / La Croix