Matthieu Devos, comment décrire Envirobat ?
Envirobat est une association professionnelle. En Occitanie, c’est le centre de ressources pour la transition écologique du bâtiment et des quartiers. Nous sommes 14 salariés et regroupons environ 300 adhérents professionnels, mais nous menons aussi des actions hors membres, avec des mots clefs : accompagner, informer, sensibiliser, animer et un objectif, qui est de faire évoluer les pratiques professionnelles. Nous avons initié, il y a 10 ans, une démarche « bâtiment durable Occitanie ». Ce n’est ni un label, ni une certification, mais une action qui vise à accompagner les porteurs de projets vers les programmes les plus ambitieux possible en termes de qualité environnementale, à la fois dans la conception, l’usage, et la réalisation. Sur la méthode, il s’agit de se réunir dans des commissions ouvertes à tous pour apprendre collectivement sur ce qui fonctionne ou non… et progresser ensemble !
J’ajoute que chaque région dispose de son centre de ressources bâtiments et aménagements durables et nous travaillons en réseau.
Quels sont les sujets que vous abordez au sein d’Envirobat ?
En résumé, ce sont les sujets de structuration de filières bas carbone dans le bâtiment, existant ou neuf. On y traite les thématiques des matériaux géosourcés et biosourcés, ou encore du réemploi. Pour ma part, je traite le sujet rénovation, mais je lui préfère d’autres termes, puisqu’il s’agit d’imaginer des façons de valoriser le bâti existant, par exemple par des changements d’usage, de la densification… Dans le scénario des stratégies bas carbone à échéance 2050, il faut prendre en compte le fait que le parc actuel représente 90 % du parc de 2050. Bien sûr, il ne faut pas écarter la construction neuve, mais les bâtiments récents sont très performants d’un point de vue énergétique. C’est donc sur l’existant et son évolution qu’il faut porter la focale, c’est une priorité si l’on veut respecter les objectifs fixés.
À l’occasion de 123 climat, nous allons évoquer les solutions bas carbone sur différentes thématiques, dont l’une est « l’acte de construire ». Quelles sont pour vous ces solutions ?
Mon premier réflexe, c’est de vous répondre que la première solution, c’est de ne pas émettre de carbone, de partir du bâtiment construit, puisque le carbone est déjà émis et les ressources déjà utilisées. Donc, le meilleur levier pour faire du bas carbone est d’éviter de construire !
Un bâti existant, certes, mais rénové, pour qu’il ne soit plus une passoire thermique ?
Exactement. On parle de réhabilitation pour lutter contre la précarité énergétique, en réduisant au maximum l’impact carbone des travaux. C’est un premier levier. Le second, c’est celui des filières bas carbone, géosourcées - la pierre, la terre crue… - ou biosourcées – la paille, le chanvre…- qui sont assez structurées en Occitanie. Toutes ces filières sont des vecteurs de décarbonation, qui présentent l’avantage d’être locales. D’ailleurs, la crise agricole que nous traversons conduit à se poser des questions sur la valorisation de coproduits agricoles vers le bâtiment. On évoque également le réemploi comme solution bas carbone, en réutilisant des matériaux de la déconstruction, par exemple.
Il faut aussi prendre en compte d’autres critères, dont celui du rééquilibrage des territoires. L’hypermétropolisation de Toulouse et Montpellier conduit à une diminution de la place disponible pour construire dans ces aires. Or, la région est composée de nombreuses villes moyennes dans lesquelles énormément de bâtiments sont sous-utilisés… Le rééquilibrage des territoires est une voie systémique pour une diminution de notre empreinte carbone.
123 climat est une rencontre qui réunit des entreprises de tout secteur. Est-ce important pour vous d’aller à leur contact ?
C’est essentiel, c’est au cœur de notre mission. Envirobat est une structure qui fait le lien entre les institutions et le tissu économique. C’est à l’occasion de ce type de manifestations qu’on apprend beaucoup sur les problématiques, les freins qui empêchent le développement local de certaines filières ou qui limite la performance de certaines rénovations alors que les solutions paraissent évidentes sur le papier… Cela nous permet aussi d’envisager des formations pour faire tomber les barrières…
Propos recueillis par Valérie Ravinet
Sur la photo : Matthieu Devos, chef de projet rénovation durable d’Envirobat Occitanie. - Crédits : DR.
Agenda
Retrouvez les équipes de la Région Occitanie au salon 123 Climat, le mardi 05 mars 2024 de 08h30 à 17 heures, à la CCI Toulouse Haute-Garonne, 2 rue d’Alsace Lorraine à Toulouse. Entrée gratuite sur inscription : https://www.linscription.com/pro/activite.php?P1=166993