Pourquoi avoir lancé le plan « zéro phyto », des risques sur la santé ont été identifiés du fait de la pollution des eaux par ces produits ?

À priori non. L’eau qui arrive au robinet est saine. Mais rendez-vous compte du travail, un gramme de glyphosate, l’herbicide dont on retrouve le plus de molécules dans l’eau, contamine un ruisseau sur 10 kilomètres. Cinq gouttes suffisent pour rendre impropre à la consommation l’équivalent du volume d’eau d’une piscine olympique. Ce qui à terme est inquiétant, c’est le cocktail de toutes les molécules qui se retrouvent dans l’eau que nous consommons quotidiennement.
L’opération « zéro phyto » s’adresse aux collectivités et aux particuliers, est-ce pour faire plier les agriculteurs que tout le monde est concerné ?
90% des produits phytosanitaires sont utilisés par les agriculteurs, certes, mais les collectivités et les particuliers en font usage dans des endroits beaucoup plus sensibles parce qu’imperméabilisés ou très filtrés. Le long des routes par exemple, c’est imperméable, ça passe dans les caniveaux et ça file directement dans les cours d’eau. « Zéro phyto » c’est pour montrer que nous avons tous des efforts à faire.
Comment s’effectue la sensibilisation auprès du grand public notamment ?
Nous passons par les collectivités. Comme à Pamiers, via les écoles, ou des lotissements pilotes. Dans le cadre d’une telle campagne d’informations nous participons au financement.
C’est efficace ? Les habitudes sont ancrées de chasser les mauvaises herbes.
Oui, nous luttons contre une vision du jardinage instaurée depuis plusieurs décennies maintenant. Il faut faire accepter l’idée que désormais ce ne sera plus comme avant. Et ça marche. Il suffit de rappeler que ces produits sont toxiques, et en premier lieu lors de leur utilisation, au contact avec la peau, avant même de se retrouver dans l’eau. Il y a alors une vraie prise de conscience. Nous en avons la preuve avec les chiffres de vente des produits phytosanitaires sur l’ensemble de notre bassin. Depuis 2008 leur vente a diminué de 20 %, pour passer de 15 000 à 12000 tonnes écoulées en 2013 auprès des agriculteurs, des collectivités et des jardiniers. Mieux, dans les zones où a été instauré « zéro phyto », les ventes de produits étiquetés « jardinier » ont chuté de 40% ! Pour nous, le cercle vertueux est entamé.
400 communes, 16 communautés de communes et 9 conseils généraux ont adopté « zéro phyto », quel en est le coût pour l’agence Adour-Garonne ?
L’accompagnement financier de l’Agence de l’eau aux projets de « zéro phyto » des collectivités, comme actuellement le Sicoval en Haute-Garonne pour son plan de désherbage, s’établit à hauteur de 2,6 millions d’euros d’aides depuis 2008, pour des opérations s’établissant à près de 5,4 millions de coûts. Nous soutenons l’achat de matériel, le réaménagement des espaces verts, la formation des employés, les campagnes de sensibilisation. Il faut deux à trois ans entre le diagnostic et la mise en place véritable du plan.
Propos recueillis par Nathalie Malaterre
Sur la photo : Franck Soulacroup, directeur adjoint de l’agence Adour-Garonne
Fin annoncée des herbicides
En 2020 il sera fait obligation aux collectivités de ne plus recourir aux produits phytosanitaires. Ségolène Royal espère anticiper la conversion d’ici à deux ans.
En 2022 la vente de produits phytosanitaires sera interdite aux particuliers.
L’Institut de Veille Sanitaire constate que les Français sont plus exposés à ces produits que les Allemands ou les Canadiens. Gérard Bapt, député de Haute-Garonne, très engagé dans lutte contre les perturbateurs endocriniens, dispose de nombreuses études mesurant l’impact sanitaire de ces produits pour motiver son combat à l’Assemblée nationale.
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