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Comment le Toulousain Mercator Ocean International devient une organisation intergouvernementale

Issue d’un projet lancé en 1995 par six institutions françaises impliquées dans l’océanographie, Mercator Ocean International s’est depuis imposée comme le spécialiste des prévisions océaniques. Une expertise reconnue lors du récent One Summit Ocean de Brest, qui a entériné la transformation de l’entreprise toulousaine en organisation intergouvernementale en charge du premier océan numérique du monde.

« Collecter toutes les observations océaniques, satellitaires ou en mer, pour créer un océan numérique. » C’est ainsi que son directeur général, Pierre Bahurel, décrit le métier de Mercator Ocean International. En clair, à l’aide de toutes ces données, l’entreprise toulousaine a développé des systèmes de simulation de l’océan pour décrire, analyser et prévoir l’état de l’océan partout dans le monde. Une expertise développée depuis plus de vingt ans, grâce un budget annuel de 30 millions d’euros financé par des actionnaires publics français et européens en lien avec l’océanographie (Ifremer, CNRS, Météo-France, Shom...). « Toutes les données sont libres et gratuites afin de démultiplier les usages et les connaissances », développe Pierre Bahurel.

En 2014, elle avait notamment été retenue par la Commission européenne pour mettre en œuvre le service européen de surveillance des océans, le Copernicus Marine Service. À l’occasion du One Summit Ocean, qui se tenait à Brest il y a quelques jours, Mercator Ocean International a franchi une nouvelle étape. L’Espagne, l’Italie, la Norvège, le Portugal, le Royaume-Uni et la France se sont en effet engagées à transformer la société en une « organisation intergouvernementale en charge du premier océan numérique du monde ».

Ce changement de statut s’accompagne d’une mission claire : créer un jumeau numérique des océans. Si, aujourd’hui, Mercator Ocean International peut décrire l’état physique et biogéochimique de l’océan et des glaces avec ses modèles numériques, l’objectif est d’aller plus loin. « En créant ce jumeau numérique, nous allons y intégrer les bateaux, la pollution, la faune afin de mieux comprendre les interactions. Par exemple, si on divise la vitesse des bateaux par deux, et donc leur bruit, quel impact cela a-t-il sur l’environnement, sur la reproduction de telle ou telle espèce, etc. »

Une reconnaissance de son expertise

« Nous avons déjà établi notre influence scientifique et technique et nous sommes les chefs de file de l’observation des océans au niveau européen », rappelle Pierre Bahurel. Pour le directeur général, le changement de gouvernance de Mercator Ocean International aura trois effets. « Cela va placer l’océan au niveau des responsabilités régaliennes. C’est essentiel car c’est un bien commun, qui couvre 70 % de la surface du globe et produit 50 % de l’oxygène de la Terre. Ensuite, si on ne compte que six pays aujourd’hui, cela permettra d’inviter plus facilement l’ensemble des États européens au sein de la gouvernance. Enfin, et c’est cela le plus important, cela crée une organisation dédiée à l’océan en Europe, au même titre que ce qu’il peut y avoir pour le spatial ou le commerce et la santé au niveau mondial. Il y a une prise de conscience qu’il s’agit d’un objet politique. »

En s’appuyant sur la structure existante de Mercator Ocean International, les six pays impliqués ne partent pas de zéro. Et le travail a déjà débuté sous la direction de la ministre de la Mer et du gouvernement français pour changer de statut. « L’objectif est d’aller vite et d’être prêt début 2024. C’est un objectif ambitieux car créer une telle organisation prend du temps », indique Pierre Bahurel. La structure, qui emploie aujourd’hui une centaine de personnes à Toulouse et fait travailler plusieurs centaines d’autres en Europe, ne devrait pas quitter la Ville rose. « Il faudra croître un peu, surtout au niveau budget et puissance d’action », souligne cependant son dirigeant.
Paul Périé

Sur la photo de Une : Pierre Bahurel, directeur général de Mercator Ocean international. Crédit : Mercator Ocean International.

Dans l’article : (De gauche à droite) Henrik Harboe, directeur de la politique de développement du ministère des Affaires étrangères de Norvège, Annick Girardin, ministre de la Mer de la France, Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, Riccardo Serrao Santos, ministre de la Mer du Portugal, Maria Cristina Messa, ministre de la recherche et des universités de l’Italie et Pierre Bahurel, directeur général de Mercator Ocean international. Crédit : Ministère de la Mer-France.

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Source : https://www.touleco-green.fr/Le-Toulousain-Mercator-Ocean-International-devient-une,33249