L’innovation n’est plus l’apanage de la seule technologie. Émerge depuis quelques années un autre moteur essentiel : l’innovation sociale. Fil rouge du 14ème forum régional de l’ESS organisé par l’Agence de développement et de promotion de l’économie solidaire en Midi-Pyrénées (Adepes), l’innovation sociale est au coeur de la réussite de ce secteur économique consacré depuis la loi du 1er août 2014. Qu’y a-t-il de commun entre les épiceries solidaires, les fameux Restos du coeur ou encore Emmaüs ? A leur origine, ils ont été des innovations sociales. Leurs traits communs : « une finalité d’intérêt collectif sur des besoins nouveaux ou mal satisfaits (santé, logement, emploi, mobilité etc.), un modèle économique marchand non lucratif, un ancrage territorial fort, une gouvernance collective et démocratique et un impact en terme de changement social (emploi, lien), » a rappelé Emmanuelle Besançon, docteur en sciences économiques chargée de mission à l’Institut Godin. Une définition que nuance Josette Combes, présidente de l’Institut de recherche et développement Novetat : « Souvent c’est retour vers le futur. On redécouvre d’anciennes méthodes mais que l’on réadapte avec les connaissances d’aujourd’hui. La permaculture est aujourd’hui réinvestie avec toutes les connaissances de la microbiologie ».
Des innovateurs sociaux en Midi-Pyrénées
Avancées technologiques et innovation sociale se conjugueraient donc au service de la dernière. Et c’est probablement là que réside la force de l’innovation sociale aujourd’hui. Selon l’Observatoire société et consommation, un français sur quatre a eu recours au covoiturage en 2013 mais le principe n’existerait pas sans les prouesses du web 2.0. Même constat concernant les circuits courts de commercialisation de produits.
Selon Carole Delga, secrétaire d’état chargée du commerce, de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire, « les innovations sociales qui réussissent s’appuient sur des démarches inscrites au plus près des territoires comme les incubateurs d’innovation sociale ou les pôles territoriaux de coopération économique (PTCE). Il faut encourager ces initiatives pour structurer les coopérations avec le monde universitaire et le monde économique ». La région Midi-Pyrénées est plutôt bien dotée avec deux PTCE (Mundo Les Ateliers à Castres, et La Serre à Toulouse), deux incubateurs d’innovation sociale et Midi-Pyrénées Innovation. Selon Jean-François Rémy, chargé de l’innovation pour BPI France « nous aurons en 2015 des outils pour valoriser les projets innovants non technologiques dès lors qu’ils ont un modèle économique. »
Parmi les innovations appelées à faire parler d’elles ces prochains mois, la future SCIC Enercoop Midi-Pyrénées (février 2015) recrute actuellement ses sociétaires pour permettre aux citoyens de la région de se réapproprier la question énergétique (électricité 100 % renouvelable en circuits courts). Le magazine l’Acclameur, premier magazine d’actualité sur la vie des sourds et des soignants, prépare sa cinquième édition et Naïo Technologies son nouveau robot agricole pour accompagner le viticulteurs dans des pratiques agricoles plus raisonnées et lutter contre les troubles musculo-squelettiques.
Aurélie de Varax
Sur la photo : Carole Delga, secrétaire d’état chargée du commerce, de l’artisanat, de la consommation et de l’économie sociale et solidaire. Photo Adepes.
Selon le dernier baromètre de la Chambre Régionale de l’Economie Sociale et Solidaire (Cress), le secteur emploie 112.237 salariés en Midi-Pyrénées dans 12.265 établissements, soit 12% des actifs et 2,6 milliards d’euros de masse salariale brut distribuée. Avec une croissance du nombre d’emploi à faire pâlir d’envie : « 17% en dix ans, soit trois fois plus que le secteur privé, et des emplois non délocalisables » selon Patricia Éon, directrice du CRESS Midi-Pyrénées.