En France, Carbone Local est la première démarche de compensation des émissions de gaz à effet de serre locale, transparente, conforme à la réglementation internationale, avec des vérifications indépendantes. A l’issue de la première année d’existence du programme, L’Arpe Midi-Pyrénées organise le 28 octobre au Sénat un colloque, afin d’apporter divers éclairages aux acteurs économiques sur le sujet de la finance Carbone. Et permettre aux sénateurs d’entendre ce qui se fait sur les territoires.
Explications avec Gérard Poujade, président de l’Arpe Midi-Pyrénées.
Gérard Poujade, qu’attendez-vous de ce colloque ?
Gérard Poujade : L’objectif est de proposer un cadre pour la compensation carbone volontaire car il n’existe pas de standard national cadré aujourd’hui. Or nous avons à l’Arpe un modèle labellisé, fiabilisé, mis au point avec les contrôles d’un partenaire comme Ecocert, que l’on peut proposer à des entreprises. On l’a mis au point ici en Midi-Pyrénées mais la question se pose partout en France. En quelque sorte nous voulons faire de l’open source. D’ailleurs parmi les usagers de Carbone Local, nous avons déjà des clients à cheval sur deux régions.
Au bout d’un an d’exercice, quel bilan dressez-vous ?
Nous sommes capable de fournir, sur des plantation de haies, un indicateur de CO2 précis, clair, vérifié, non sujet à green washing. Les deux premières entreprises signataires, Cemex et Pierre Fabre, sont reparties pour cette année. Au mois de Novembre, nous allons signer une dizaine de conventions avec de nouvelles entreprises volontaires. Nous offrons aussi la possibilité de planter des haies champêtres fruitières qui peuvent d’un côté compenser carbone et de l’autre promouvoir une économie locale, par exemple fruitière. Les entreprises qui financent les crédits carbone de ces haies se positionnent aussi sur une économie locale. Nous sommes dans le financement de la transition écologique et d’une économie circulaire. Il y a donc un double enjeu de développement durable dans le projet.
Qui sont les futurs adhérents du programme Carbone Local ?
Ce sont des gros acteurs et des PME de secteurs très divers. Je peux vous en citer trois : la caisse du Crédit Agricole Nord Midi-Pyrénées qui est présente dans quatre départements, le comité d’entreprise de IBM Midi-Pyrénées Bordeaux Aquitaine et Innopsys, société qui fabrique des scanners médicaux.
Quel intérêt pour les entreprises qui s’engagent par rapport à la compensation carbone classique ?
Il s’agit d’une compensation volontaire. Nous ne sommes pas en concurrence avec la compensation obligatoire. Ensuite la dimension locale est importante pour l’entreprise. C’est un enjeu de communication pour elle au même titre que les autres démarches de labellisation. C’est aussi de plus en plus un enjeu de communication interne : plus elles ont de personnel, plus la revendication sociétale concernant leurs propres salariés est un enjeu important. C’est un outil qui va fédérer les collaborateurs autour d’une démarche RSE.
L’Arpe travaille aussi sur une compensation carbone pas seulement biologique, pouvez-vous nous en dire plus ?
C’est un peu tôt car cela doit entrer dans la démarche de labellisation mais nous y travaillons. En matière de développement durable, des projets comme l’agriculture de conservation des sols, l’agroforestrerie, la permaculture, ont du mal à se développer faute de financement. Si nous parvenons à fournir à l’usager de carbone local une certification fiable sur ce type de projet alors nous apporterons de nouvelles solutions en matière de compensation carbone et biodiversité.
Vous lancez à l’occasion du colloque la plateforme www.carbonelocal.fr, est-ce une façon d’étendre Carbone Local au national ?
L’objet est de faire en sorte que le cadre de notre projet de compensation volontaire devienne accessible et lisible. Et à terme qu’une véritable plateforme d’échanges entre porteurs de projets de compensation et entreprises puisse exister. Il faut donc communiquer sur la technicité de ce que nous proposons par ce label.
Propose recueillis par Aurélie de Varax
Sur la photo : plantation de haies destinées à compenser les émissions de gaz à effet de serre de l’Arpe Midi-Pyrénées, en partenariat avec Arbres et Paysages 81. Photo Arpe Midi-Pyrénées.