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Kokopelli : la législation évolue, mais les combats ne sont pas terminés

Installée en Ariège depuis 2013, Kokopelli a engagé un combat pour faire évoluer le droit de vendre des semences libres et reproductibles non inscrites au catalogue national. Rencontre avec une structure militante.

La semence n’est pas une marchandise comme les autres. Point de départ de l’agriculture et des ressources alimentaires, elle fait l’objet d’une réglementation stricte, comme l’indique Shabnam Laure Anvar en introduction d’une thèse en droit datant de 2008, Semences et Droit : l’emprise d’un modèle économique dominant sur une réglementation sectorielle. C’est ce modèle que dénonce l’association ariégeoise Kokopelli depuis sa création, il y a une vingtaine d’années. « Nous sommes toujours en désobéissance civile », estime Ananda Guillet, dirigeant de l’association depuis 2013, identifié à cette époque comme l’un des rebelles de l’économie régionale.

Depuis, la structure, restée sous forme associative, a gagné du poids, même si elle n’est toujours pas autorisée à commercialiser aux professionnels et aux maraichers les quelque 2000 variétés de fleurs, légumes et plantes médicinales qu’elle propose. En 2020, une brèche s’est ouverte. Elle peut désormais vendre ses semences aux collectivités et aux jardiniers amateurs qu’elle accompagne vers l’autonomie : planter des semences, récolter et replanter les graines.

Entreprise engagée

En huit ans, Kokopelli a grandi. Elle compte aujourd’hui près de cinquante salariés permanents et son effectif monte à cent en saison. Avec un chiffre d’affaires annoncé de 6 millions d’euros pour 2022, elle a pris sa place parmi les acteurs du secteur, même si son activité commerciale se concentre sur une catégorie de clients non-professionnels. Une cinquantaine de producteurs français, allemands, suisses et italiens livrent chaque année le fruit de leur travail, « un réseau de producteurs fiables et militants », affirme le dirigeant. Indépendante, Kokopelli vit des cotisations de ses adhérents et de la vente de ses semences, essentiellement en ligne, mais dont le réseau de revendeurs s’élargit à plus de cinq-cents points de vente.

Le militantisme de Kokopelli ne s’arrête pas à nos frontières. Elle est à l’initiative de campagnes de solidarité « semences sans frontières », sur des territoires sud-américains ou africains « dépossédés de leurs semences ». Avec ses dons de semences reproductibles, elle entend, là aussi, tendre vers l’objectif d’autonomie alimentaire.
Valérie Ravinet

Sur les photos : Le bâtiment éco-responsable de Kokopelli, construit en 2017, au Mas d’Azil, en Ariège // Ananda Guillet, dirigeant de l’association depuis 2013. Crédits : Association Kokopelli.

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Source : https://www.touleco-green.fr/Kokopelli-la-legislation-evolue-mais-les-combats-ne-sont-pas,35341