Depuis son écrin de verdure sur la zone d’activité de La Tieule au coeur de la Lozère, La distillerie Essenciaga a inauguré ce jeudi 29 juin son nouveau site de production. "A Laguépie, nous étions à la limite de ce que nous pouvions produire et nous voulions rester dans une dynamique régionale pour profiter de la grande diversité des essences de nos terroirs. Ici, nous triplons notre surface tout en gardant les mêmes alambics, donc les mêmes savoir-faire", se réjouit Laurent Gautun le fondateur et dirigeant de l’entreprise.
Unique en son genre, ce bâtiment de 1500 m2 convoque tous les principes de la construction passive au service d’un bâtiment basse consommation. "Nous sommes adossés au rocher pour utiliser les frigories du sol pour nos espaces de stockage. Nous avons privilégié les matériaux locaux, à commencer par le bois. Nous exploitons les principes des murs lumières et d’un toit végétalisé comme isolant avec un arrosage à la racine. Les excédents de calories de nos process sont récupérés par des échangeurs thermiques pour chauffer le bâtiment en bloquant le chauffage d’appoint", énumère Laurent Gautun. Fort d’un dispositif innovant proposé par le département,
1,5 millions d’euros ont été investis dans cette pépite.
Une palette de soutiens pour un projet 100% régional
Selon un dispositif astucieux, Essenciagua n’a rien déboursé pour investir les lieux. Le bâtiment a été entièrement financé par un portage immobilier de la société mixte Lozère Aménagement, le bras armé du département pour les projets immobiliers. Moyennant un crédit bail, Essenciagua est donc locataire de ses locaux. Au terme des quinze ans de contrat, elle pourra acquérir le bien. "C’est la démonstration qu’une entreprise peut rester indépendante sans nécessairement s’exposer à une prise de capital", souligne Laurent Gautun.
Pour monter en gamme sur la production, 300.000 euros ont été investis en matériel. La société s’est notamment dotée d’une chaudière permettant de travailler avec une eau de source de montagne non traitée donc très qualitative pour les hydrolats. Dans sa globalité, le projet a mobilisé 1,8 millions d’euros dont 20% sous forme d’aides du département, de la région via le fonds Feader et de l’Agence bio au titre Investissements d’Avenir. "L’Agence veut soutenir la filière plantes aromatiques bio française. Notre projet privilégie depuis l’origine les essences régionales comme un contrepied à la tendance exotique. Aujourd’hui la plupart des essences de menthe poivrée ou romarin viennent d’Inde ou d’Europe de l’est alors qu’elles ne seront jamais meilleures qu’en circuit court et surtout avec une qualité de distillation et une traçabilité garanties »", rappelle le dirigeant.
Essenciagua qui compte actuellement six collaborateurs vise les deux millions d’euros de chiffre d’affaires à horizon trois ou cinq ans ainsi que la création d’une dizaine d’emplois. "Nous voulons étoffer notre gamme en renforçant la régionalité et ouvrir de nouveaux marchés commue l’activité thermale et les partenariats locaux avec l’agro-alimentaire" précise le dirigeant.
Aurélie de Varax
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