« Aujourd’hui plus aucune commune ne rejette ses eaux usées directement dans les cours d’eau, » rappelle Patrick Flour, directeur de la délégation du bassin Garonne Amont à l’agence de l’eau Adour-Garonne. Et pourtant. Sur le bassin, plus de 1300 systèmes d’assainissement - un ouvrage sur trois -, ne sont plus assez performants pour atteindre une bonne qualité de l’eau des rivières. « Si les masses d’eau sont polluées, cela signifie que les canalisations d’acheminement sont défectueuses ou les stations d’épuration avoisinantes en mauvais état, ou mal exploitées ou bien elle fonctionne dans le respect de la réglementation mais la sensibilité du cours d’eau exige des normes plus sévères », précise Patrick Flour.
L’agence de l’eau vient de lancer appel à projet doté de 60 millions d’euros pour financer des études et travaux pour améliorer la qualité de l’eau 250 rivières en Langedoc-Roussillon Midi-Pyrénées. Parmi les départements les plus touchés figurent l’Aveyron, le Gers, le Lot et Garonne et le Tarn et Garonne.
60 à 70% de prise en charge des travaux
A Lectoure, la station d’épuration a été entièrement remise à neuf en 2004. « Nous recevons 100% de la prime d’épuration, versée par l’agence de l’eau en fonction de notre qualité de traitement des eaux domestiques, » précise Maryse Escribe la directrice des services à la mairie de Lectoure. Si le Gers fait partie des rivières touchées, il faut donc chercher ailleurs. A dix kilomètre, la station d’épuration de Fleurance vient aussi d’être rénovée mais la commune prévoit de répondre à l’appel d’offre. « Nous polluons car les canalisations qui mènent à la station sont fuyardes. Le problème est que nous n’avons pas de réseau séparatif pour collecter séparément les eaux usées issues des utilisations domestiques et les eaux pluviales. En cas de fortes pluies, des débordements d’eaux usées partent vers le milieu naturel, » explique Emilie Munoz-Demig, adjointe au maire. Si le dossier est accepté, les travaux seront financés à 60% par l’agence de l’eau en zone urbaine et 70% en commune rurale.
69% des masses d’eau en bon état d’ici 2021
En tant qu’agence de l’État, l’agence de l’eau doit se conformer à la fameuse Directive cadre européenne sur l’eau. Avec seulement 43% des rivières en bon état, elle est encore loin du cap des 100% fixé pour 2017. « Pour atteindre cet objectif, notre schéma directeur (SDAGE) fixe un objectif de 69% des masses d’eau en bonne santé d’ici 2021. Outre l’amélioration de l’assainissement, nous visons une multitude d’actions qui concernent l’hydro-morphologie des cours d’eau, la réduction des pressions agricoles ou encore la continuité écologique ».
Sur ce dernier volet, l’agence prépare également un appel à projet en application de la réforme sur la continuité écologique qui prévoit le financement de travaux ou l’effacement des seuils naturels, des moulins ou petits barrages en mauvais état ou inutiles. Un sujet hautement controversé. Un appel à moratoire sur la continuité écologique porté par douze partenaires nationaux et plus de 250 associations et institutions locales, - représentant l’ensemble des usagers de l’eau, des propriétaires d’ouvrages hydrauliques et des riverains - a déjà recueilli plus de 1800 signatures en sept mois, dont 29 parlementaires et plus de 500 maires ou maires-adjoints.
Aurélie de Varax
Photo Agence de l’eau Adour-Garonne.
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