Rémi Roux, que va apporter concrètement la fusion des deux unions ?
Notre premier congrès régional commun a eu lieu en 2016. La dynamique engagée se concrétise par cette fusion, qui permettra une collaboration accrue et un partage de savoir-faire. Nous allons pouvoir proposer les mêmes services partout. Le pôle Méditerranée est très avancé sur l’appui aux entrepreneurs sociaux, le pôle Pyrénées est mieux outillé pour accompagner la reprise d’entreprise en Scop. Nous avons déjà mutualisé l’innovation sociale, en proposant désormais des modules à Toulouse. Idem pour les outils financiers et la communication. Nous sommes aussi en train de définir une douzaine de pôles économiques territoriaux, qui ne coïncideront pas avec les frontières des départements.
En quoi reprendre une entreprise en Scop peut-il s’avérer avantageux ?
De nombreux chefs d’entreprises ignorent qu’ils peuvent vendre leur boîte à leurs salariés, en partant à la retraite, au lieu de la vendre à un concurrent. Nous avons accompagné la reprise en Scop de la fonderie Gillet (Tarn), il y a deux ans, alors qu’elle était en dépôt de bilan. Lorsque l’on crée une Scop, l’objectif est de pérenniser des emplois et de mettre le salarié au centre des valeurs. On prend le contre-pied du modèle actuel, qui consiste à faire du profit sur le court terme. Chez Ethiquable (la société qu’il a cofondé, NDLR), les écarts de salaires sont de un sur quatre seulement, et les plus bas salaires gagnent 15% de plus que le Smic.
Le nombre de coopératives augmente-t-il ?
En ex-Midi-Pyrénées, nous avons une croissance dynamique de 10% des emplois en coopérative depuis quelques années. L’objectif affiché au niveau national est d’atteindre 70.000 emplois coopératifs en 2020. Nous en comptons 7000 en Occitanie à ce jour, répartis dans 530 coopératives. Cela représente 700 millions d’euros de chiffre d’affaires généré.
A qui s’adresse l’union régionale des Scop ?
Nous ciblons les porteurs de projets qui ont un plan d’affaires. Nous sommes également au service des Scop existantes, pour les aider dans leur développement, leur proposer des modules de RH, de finances, mais aussi les aider à monter leurs dossiers. L’argent du mouvement coopératif motive les banques à investir. Nous accompagnons des transmissions de Scop, Scic mais aussi des coopératives d’activité et d’emploi (CAE), qui représentent une alternative intéressante au statut précaire d’auto-entrepreneur (le porteur de projet est salarié dans une coopérative).
Quels sont les secteurs les plus représentés ?
Près d’un tiers des Scop de la région sont dans le BTP. Nous avons beaucoup d’agences de communication et de bureaux d’études. On a tendance à penser que les Scop sont de petites entreprises, mais pas toujours. La plus grosse de la région, Scopelec, compte 3500 salariés.
Propos recueillis par Armelle Parion
Sur la photo : Rémi Roux et Xavier Châtellier, co-présidents de l’UR Scop Occitanie. Crédits photos : UR Scop
L’origine des Scop :
La première Scop a été créée en 1896. Il s’agit des Verreries ouvrières d’Albi (Tarn), reprises par les ouvriers à la suite d’un conflit social, avec l’aide de Jean Jaurès. Les Scop se sont peu développées pendant cent ans, notamment parce qu’il fallait forcément se monter en SA, c’est-à-dire avec sept salariés associés dès la première année au conseil d’administration. Depuis les années 1980, il est possible de démarrer en Scop SARL. Les CAE sont nées dans les années 1990. Les Scic, quant à elles, sont nées en 2000, pour répondre aux besoins des associations qui grossissaient.