Florian Champoux, en quoi le principe des Carrés Maraichers est original ?
Cela n’existe pas ailleurs en France. C’est un service qui se situe entre les jardins partagés et une exploitation maraîchère qui vend des légumes en direct. Les citadins ont envie de jardiner, de comprendre ce qui se passe dans leurs assiettes. Il y a trois freins : le manque de temps, de connaissance et de place. Les carrés maraîchers y répondent en offrant un terrain. Les travaux principaux (plan des cultures, système d’irrigation, etc.) sont faits par le maraîcher qui, de plus, guide nos « légumeurs » au quotidien. Ils n’ont donc pas besoin d’avoir des connaissances au préalable.
En ce moment, on fait un prototype avec 37 familles au 216 route de Launaguet, au nord de Toulouse, en limite du périphérique. La majorité des familles viennent de Toulouse, de Launaguet ou de L’Union, une partie vient du centre-ville et même de Balma.
Nous sommes en discussion avec la Métropole pour investir un site de trois hectares quartier Paleficat, près de Borderouge. Nous serons ouvert à tous ceux qui voudront y participer, au total à deux-cent-cinquante familles.
Quelle sont été vos sources d’inspiration pour cette initiative ?
On s’inspire de deux projets. Un à Berlin, où un agriculteur met à disposition des terrains pour des familles et va planter et semer pour elles. L’idée des Carrés Maraîchers est venue de la visite de ce lieu-là. La dimension carrée est inspirée, elle, d’une initiative québécoise portée par Jean-Martin Fortier, qui développe des micro-fermes maraîchères de moins d’un hectare, presque sans aucune mécanisation.
Pouvez-vous revenir sur l’histoire de Terreauciel, débutée il y a huit ans ?
Nous avons démarré effectivement en 2013 sous la forme d’une association et Terreauciel s’est transformée en Scop en 2017. Nous étions deux jeunes ingénieurs agronomes sortant de l’école. Notre objectif était de renouer le lien entre les citadins et l’agriculture. Pour cela, nous avons fait un bureau d’étude en agriculture urbaine. Nous accompagnons beaucoup de collectivités qui veulent installer des agriculteurs urbains, mais qui n’ont pas des terrains assez grands ou qui ont des terrains qui sortent de l’ordinaire. Nous essayons de leur trouver le meilleur modèle.
Nous avons aussi voulu ouvrir un atelier des paysages. Nous avons recruté des paysagistes concepteurs pour concevoir des espaces verts en entreprise ou en habitat privé. Quand nous aménageons des espaces verts, nous prévoyons toujours du comestible, que se soit du fruitier, de l’aromatique, ou du potager afin que chacun retrouve le rythme des saisons.
La crise actuelle change-t-elle quelque chose pour l’agriculture urbaine ?
Avec la crise, beaucoup de gens veulent se reconnecter à leur alimentation, car ils ont pris conscience lors du premier confinement de notre dépendance aux supermarchés. On ne sait plus comment faire pour se nourrir. Nous offrons une possibilité d’être auto- suffisant en légumes bio tout en apprenant comment ceux-ci sont produits. Il y a une dimension éducative. Une fois par semaine au printemps, il y a des cours de jardinage-maraichage organisés par notre maraîcher. Le dernier était par exemple sur le désherbage. Les gens se rendent compte grâce à cela du temps important que cela représente en bio.
Propos recueillis par Matthias Hardoy
Sur la photo : Une partie de l’équipe de Terreauciel avec des stagiaires. Florian Champoux est le deuxième sur la droite.
La deuxième photo montre le Carré Maraicher Test situé au 216 route de Launaguet, au nord de Toulouse. Crédits : Terreauciel.
P.S. :
Aujourd’hui, six personnes travaillent à temps plein pour la structure : trois ingénieurs agronomes, deux paysagistes et un maraicher. Un deuxième maraicher devrait etre embauché si le projet se déploie quartier Paleficat. Les familles qui testent les Carrés Maraichers doivent débourser 7 euros par semaine, ce qui fait 364 euros pour une année.
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