« On reconditionne des téléphones, pourquoi ne pourrait-on pas le faire avec des matelas ? » Voilà l’idée qui a traversé l’esprit de Jérémie Adjedj il y a quelques années et qui l’a amené à créer Ecomatelas. Issu d’une famille dont certains membres travaillent dans le monde de la literie, il avait souvent vu des matelas de très bonne qualité finir aux ordures. « Le magasin de mon oncle travaille beaucoup avec l’hôtellerie notamment. Et c’est vrai qu’il y a un énorme gâchis », regrette le jeune homme, alors que 5 à 6 millions de matelas et de sommiers sont jetés en France chaque année.
Après un an et demi de recherche et développement et quinze prototypes, Jérémie Adjedj, soutenu pour cela par la Région Occitanie et l’Ademe, parvient à un produit final de qualité fin 2016. « Nous avons travaillé avec des laboratoires de microbiologie, des spécialistes du recyclage et des fabricants de literie », détaille-t-il. Une étape indispensable pour avoir un produit innovant avec un coût environnemental faible.
Un procédé de réemploi en cinq étapes
En travaillant avec les fabricants, les magasins et les hôtels, Ecomatelas récupère des produits d’assez haute qualité, voire neufs pour les fins de série ou les matelas d’exposition. « Grâce à cela, nous recyclons 80 à 85 % de ce que nous recevons », se félicite Jérémie Adjedj, qui insiste sur le fait que son entreprise est la seule en France à avoir déployé un procédé de réemploi.
Après un contrôle qualité, Ecomatelas déshabille les matelas et sépare les matières, les tissus partant au recyclage. La mousse, le latex ou la mémoire de forme qui composent le matelas sont par la suite retaillés, pour avoir une bonne résistance, puis assemblés à l’aide d’une colle 100 % bio. Arrive alors l’étape essentielle, celle de la désinfection. « Après avoir essayé les UV, les micro-ondes, la congélation, nous avons développé une machine qui nous permet d’atteindre des normes d’hygiène supérieure à la désinfection dans les hôpitaux, grâce à une montée en température », indique le fondateur. Les matelas sont enfin rhabillés avec du tissu provenant de France, d’Espagne ou du Portugal.
Des prix attractifs
Malgré cette technologie innovante, l’entreprise de neuf personnes parvient à proposer des prix particulièrement attractifs qui ont séduit 15.000 personnes depuis le lancement. « Nous sommes trois à quatre fois moins cher », assure Jérémie Adjedj, associé dans cette aventure à Stéphane Duponchel. « Pour un ensemble matelas-sommier en 140x190, nous sommes autour de 250 euros pour de la très bonne qualité, contre 600 euros pour des produits neufs. »
Acteur de l’économie sociale et solidaire, Ecomatelas est par ailleurs, depuis 2019, une entreprise d’insertion, avec un tiers de ses effectifs en réinsertion professionnelle. Bien que ralentie par les confinements, l’activité de la société héraultaise est en croissance. Après un exercice 2019 à 450.000 euros de chiffre d’affaires, Ecomatelas devrait atteindre 700.000 euros cette année. Et Jérémie Adjedj affiche sa volonté de développement. « Notre objectif, pour 2021, reste l’ouverture d’une boutique à Toulouse. Et d’ici fin 2021, le lancement d’un site internet de vente national. » Un succès qui ne laisse pas le temps de s’endormir.
Paul Périé
Sur la photo : Stéphane Duponchel et Jérémie Adjedj (à droite) ne comptent pas se reposer. Crédits : Ecomatelas.
PS.
En 2017, Ecomatelas a reçu le Prix Initiative Remarquable Réseau France Active. L’entreprise a également été récompensée du Prix TPE Occitanie en 2018.