La Convention citoyenne pour le climat n’a pas été sans conséquences. Inspirées par cette expérience démocratique, 150 entreprises se sont réunies entre l’automne 2021 et le printemps 2022 à Paris pour une Convention des entreprises pour le climat (CEC) en six étapes. Ces sociétés représenteraient 400.000 travailleurs et plus de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires. Parmi les grandes entreprises mobilisées : Caterpillar, Bouygues Immobilier ou encore Heineken France. Huit entreprises occitanes étaient également présentes, dont Ilek, fournisseur d’énergie verte, le cabinet d’expertise comptable Exco Fiduciaire du Sud-Ouest, ou encore Arcadie, société gardoise qui propose épices, aromates et plantes médicinales.
En ce mois de novembre à la Cité, à l’occasion des Rencontres 123 Climat, plusieurs participants sont revenus sur l’événement à l’occasion d’un atelier animé par Alexis Janicot, ancien directeur délégué de la French Tech Toulouse, qui a fondé en 2022 Les 17 de Noé, son entreprise de conseil sur l’économie durable.
Une remise en question indispensable
C’est dans ce cadre que Philippe Lafargue, président d’Exco Fiduciaire du Sud-Ouest, a témoigné de cette expérience qui l’a « particulièrement marqué ». « Si vous n’avez pas des dirigeants impliqués, il ne peut pas y avoir de changements significatifs dans les organisations. L’enjeu, c’est de bien les informer. Quand vous apprenez que, si le climat augmente de quatre degrés, nous serons encore plus dépendants de la Russie, qui sera le grenier à blé du monde, cela fait tout drôle ! », confie Philippe Lafargue. Pour l’ETI de 800 collaborateurs, ces bouleversements vont également entraîner une importante évolution de ses missions. De l’analyse financière, elle sera amenée à mener de plus en plus d’évaluations extra-financières (critères sociaux, écologiques, bilan carbone, etc.).
Selon Arnaud Groff, conférencier et professeur en management de l’innovation, « les entreprises doivent se demander si elles répondent à un besoin impérieux. Certaines vont devoir changer de modèle d’affaires. » « Elles vont devoir changer de roue en roulant », appuie Philippe Lafargue, avec l’art de la métaphore. Les conséquences seront même peut-être plus douloureuses, puisque certaines devront même « stopper leurs activités », trop néfastes pour la planète, estime Arnaud Groff.
« Rompre avec le business pour le business »
La Convention des entreprises pour le climat propose une méthode en différents paliers dont le dernier stade, « difficile à atteindre » selon le professeur en management de l’innovation, est « l’entreprise régénérative », une société en alliance avec le vivant, qui donne bien plus à la nature qu’elle ne lui en prend ». Avant d’en arriver là, il faut déjà rompre avec des logiques économiques bien ancrées. « Il faut passer d’une société qui favorise la propriété à une société qui promeut l’usage », analyse Arnaud Groff.
Les participants à l’atelier annoncent la création d’une CEC régionale en Occitanie l’année prochaine. L’association est en phase de préfiguration et l’enjeu actuel est de fédérer le plus possible toutes les entreprises qui veulent « rompre avec le business pour le business » et embarquer vers un chemin ambitieux de transition. Les trois hommes assurent que seront écartés ceux « qui veulent faire seulement du green-washing ». La convention des entreprises pour le climat devrait éclore au printemps prochain.
Matthias Hardoy
Sur la photo : Alexis Janicot, fondateur de la société Les 17 de Noé, et Arnaud Groff, professeur en management de l’innovation. Crédit : ToulÉco.