La crise de la Grèce a innervé ces Assises Nationales du Développement Durable. Elle rappelle aux peuples qu’ils sont décisionnaires, et aux puissants qu’il y a un peuple qui les a élus. Sur scène, des personnalités investies dans un mouvement forcément révolutionnaire au sens propre du terme : comment réformer ce monde ? La crise a ceci de bénéfique, elle force au mouvement. C’est en substance ce que Pierre Radanne, expert dans les politiques énergétiques, a voulu faire passer comme message. « J’ai senti une grande envie lors de ces Assises, un vrai moteur qui se met en marche. Les enjeux sont considérables, la crise financière souligne les grands déséquilibres du monde, et exige que l’on résolve le problème. La conférence de Rio est économique et environnementale, et peut-être pour la première fois, il y a l’obligation d’une régulation globale. Nous sommes coincés, obligés de résoudre les problèmes. La négociation sur le climat n’est pas soluble dans son cadre juridique actuel. Une unification économique du monde s’impose, et une revalorisation du niveau territorial qui soit un contre-poids. Nous avons besoin de décentralisation. »
Montrer l’exemple aux Nations Unies
Brice Lalonde - nommé depuis le mois de février 2011 coordonnateur exécutif de la Conférence des Nations unies sur le développement durable (Rio+20) - n’était pas le dernier à vouloir soulever une salle sagement assise, mais attentive. Cette salle, comme il l’a souvent rappelé, peut enfin se faire entendre. Là était le message principal : le citoyen, les collectivités locales, territoriales, doivent montrer l’exemple aux Nations Unies. « Les collectivités territoriales doivent s’insérer dans le processus des Nations Unies, qui aujourd’hui n’ont aucun lien avec le citoyen, aucun contact avec les gens du territoire. Il va falloir articuler les compétences des collectivités territoriales au niveau de l’Europe, pour qu’elles soient plus efficaces. Il faut que les collectivités locales puissent dire à la face du monde : voilà ce qu’il faut faire. Diffuser en continu, sur un réseau collectif horizontal, et sur l’ensemble de la planète. Le mot fondamental, c’est la vision. Nos sociétés sont saisies par la peur, il leur faut se déplier, grandir, regarder ce siècle. Rio 2012 sera une mise en lecture du monde. »
François Simon a lui rappelé que l’économie verte était celle qui cherche à répondre aux besoins fondamentaux du monde. « Dans cet appel de Toulouse, lors de ces Assises, tous les niveaux sont essentiels. Les collectivités sont des acteurs clés du développement durable, elles peuvent renforcer les pratiques du DD à travers les agendas 21 locaux. Il faut qu’au niveau européen on reconnaisse la place des collectivités locales, et exiger un statut d’observateur inter-gouvernemental. »
Pour impulser la présences des collectivités sur la conférence de Rio, des soumissions basées sur les conclusions des Assises seront réalisées sous la forme d’un mémorandum qui sera transmis au prochain sommet de la Terre, à Rio+20.
Virginie Mailles Viard
Sur la photo, Pierre Radanne, expert dans les politiques énergétiques de lutte face au changement climatique. Crédit photo Frédéric Lancelot.
– Une série de portraits réalisée en partenariat avec :
