« Un manque d’engagement politique » sur la question de l’eau dans le monde

Partager cet article



Les états riches s’éloignent des besoins réels en eau potable des populations : l’accès à l’eau est classé en septième position de la liste des priorités des Nations Unies. Devant ce constat, l’association France Libertés, représentée par son directeur Emmanuel Poilâne, vient le 22 mars à Toulouse lors du Forum régional de l’eau, rappeler aux collectivités les outils mis à leur disposition pour mettre en place des actions de coopération avec les pays pauvres.




Les chiffres sont éloquents : 35.000 personnes meurent aujourd’hui de ne pas avoir accès à de l’eau potable. Cette ouverture est soumise à des moyens financiers qui pourraient être délivrés par les États et la coopération internationale. Mais le constat est amer pour Emmanuel Poilâne, directeur de la Fondation France Libertés, qui n’obtient aucun écho positif de la part des États et assiste au contraire à un véritable recul. Pourquoi ? « Ce n’est pas un problème de moyens, mais un manque d’engagement politique de la part des nations. Lors du sommet de la terre à Rio en 1992, les nations s’étaient engagées, et des projets formidables sont nés. Mais les états sont fatigués. Ils ont besoin de retour sur investissement. » Et tentent en vain de déployer en Afrique, en Asie, en Amérique latine, les modèles économiques de gestion de l’eau occidentaux. « Ils veulent construire du business avec ces pays-là », constate Emmanuel Poilâne. « Mais ce n’est pas possible. Les populations pauvres ont besoin de petits modèles, adaptés à leurs besoins. » 

A l’image de Cochabamba en Bolivie, où les habitants se sont soulevés pour lutter contre la privatisation de l’eau. Aujourd’hui, soutenu par l’association France Libertés, c’est un modèle de cogestion entre les communautés et le service public qui se profile.

La loi Oudin-Santini : 1% sur les factures d’eau des collectivités

En Inde, dans le désert du Rajasthan, l’association participe au projet de mise en œuvre de récupération des eaux pluviales. 
Lors de la saison des pluies, dans la ville de Kindia en Guinée, les eaux sont polluées par les déchets. France Libertés travaille avec les acteurs locaux à un projet d’assainissement. Le maire de la ville, Dr. Mamadou Drame, sera présent le 22 mars à Toulouse pour le Forum régional de l’eau, pour témoigner des apports mutuels de la solidarité et de la coopération internationale. Et c’est vers cette solidarité que France Libertés veut entraîner les collectivités françaises. « Un outil est à leur portée », rappelle Emmanuel Poilâne. « La loi Oudin-Santini permet aux communes d’affecter jusqu’à 1% de leur budget, financé par le prix de l’eau, à des actions de coopération décentralisées. Un sondage récent a révélé que 90% des consommateurs étaient favorables à ce prélèvement sur leur facture d’eau. Les collectivités peuvent alors agir directement, ou via une ONG qui s’engage à reverser ces 1% pour des projets de coopération. Nous proposons aux collectivités d’être parties prenantes sur les choix des projets d’aide au développement dans le domaine de l’eau. »

A cet égard, pour l’association, la réappropriation par les collectivités de la gestion de l’eau est une démarche essentielle. Elle signifie une meilleure appréciation de la place des enjeux économiques face à ceux des citoyens. « Nous devons retrouver une vision à long terme, estime le directeur de France Libertés. Et ce quelque soit les conséquences économiques. L’eau ne doit pas satisfaire des lobbyings, mais rendre service aux populations. » 
Pour l’instant, l’accès à un approvisionnement en eau potable n’est pas une priorité pour les Nations Unies. Dans le classement des objectifs pour le millénaire 2015, sur les huit résolutions, l’eau arrive en septième position. 

Virginie Mailles Viard



Sur la photo : Emmanuel Poilâne, directeur de la Fondation France Liberté. Crédits : DR.

Réagir à cet article

Source : https://www.touleco-green.fr/Un-manque-d-engagement-politique