Valérie Piganiol, vous faites partie des quatre premiers signataires, pourquoi cette appel à la mobilisation des compétences autour du Canal du Midi ?
Valérie Piganiol : Depuis trois ans, il y a une réflexion de l’ensemble des acteurs privés et publics sur l’avenir du Canal du Midi que l’on ne peut laisser se dégrader. Je rappelle que c’est un patrimoine de l’Unesco de 240 kilomètres de long avec une soixantaine d’écluses. C’est aussi 20% du tourisme fluvial en France et des milliers d’emplois directs. Dérèglement climatique, pollutions multiples, nous lançons des alertes depuis des années car aucun diagnostic précis et réaliste sur son état de santé actuel et les risques à venir, - notamment lié au changement climatique - n’est établi. Il y a eu des rencontres organisées pour réfléchir à une nouvelle gouvernance qui ont abouti hier sur le premier Comité de bien du Canal du Midi à l’initiative de la préfecture et du conseil régional. C’est une bonne chose mais avec les trois autres premiers signataires de l’appel citoyen, - dont les scientifiques Serge Soula et Anne Mesas -, nous attendons que les scientifiques se mobilisent. Le monde de la recherche régionale fait des choses magnifiques pour l’architecture, l’aéronautique, alors pourquoi pas pour le Canal du Midi ?
Quels seraient les enjeux prioritaires ?
Le chancre coloré est mis sur le devant de la scène mais il y a des problèmes d’évaporation de l’eau et de pollution qui risque de se renforcer avec le réchauffement climatique. La force du canal du midi est d’avoir une voûte arborée. Dans certaines régions de l’Aude où il n’y a plus de platanes, il y a un impact sur l’évaporation de l’eau de près de 80%. Serge Soula qui travaille depuis quatre ans sur l’impact du changement climatique sur le canal, alerte sur le sujet. Or cette eau est précieuse comme facteur économique : elle sert de réserve d’eau potable et pour l’agriculture. Concernant la pollution, aucune étude globale n’a été menée sur la qualité des eaux en trente ans. Or le canal coule en zone urbaine, péri-urbaine et rural. Il est parfois encaissé et subi des pollutions multiples : pesticides, organiques, urbaines suite aux événements pluviométriques. Il faudrait retraiter les eaux du canal et les préserver.
Qu’attendez-vous de cet appel ?
Nous attendons que des chercheurs, ingénieurs, techniciens, aménageurs se mobilisent dans leur complémentarité autour du canal en proposant leurs idées et compétences. L’impact est important : nous avons déjà reçu une trentaine d’appels. Nous répertorions les compétences et demandons à chacun d’envoyer leurs contributions concrètes pendant l’été. Une première synthèse des contributions aura lieu le vendredi 16 septembre 2016, lors du Carrefour scientifique pour l’Avenir du Canal du Midi, de la Journée sur l’économie au fil de l’eau et du 8ème Workshop du tourisme fluvial organisé à Toulouse. L’important est l’apport des scientifiques dans leur complémentarité. Ensuite nous construirons sachant que madame la présidente Carole Delga et le préfet de région ont annoncé des budgets dans le cadre des contrats de plan Etat Région remaniés.
Propos recueillis par Aurélie de Varax
230 millions d’euros pour le développement durable du Canal du Midi
Lors du premier Comité de Bien pour le Canal du Midi ce mercredi, le Préfet de la région et la présidente du Conseil régional ont annoncé l’élaboration d’un plan de développement durable pour le canal. Evalué à 230 millions d’euros sur cinq ans, il sera financé à au moins 50 % par l’État. Une participation de 40 millions d’euros sera proposés aux élus régionaux. Objectifs :
– la valorisation économique, touristique et paysagère,
– la restauration environnementale,
– la préservation du patrimoine historique et son animation.
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