Un appel citoyen convoque les scientifiques au chevet du Canal du Midi

Article diffusé le 23 juin

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Alors que la nouvelle gouvernance du canal du Midi, le Comité de Bien Canal du Midi, s’est réunie pour la première fois mercredi, un appel citoyen est lancé aux scientifiques pour son avenir.
Explications avec Valérie Piganiol, présidente du Club « Toulouse au fil de l’Ô »

Valérie Piganiol, vous faites partie des quatre premiers signataires, pourquoi cette appel à la mobilisation des compétences autour du Canal du Midi ?
Valérie Piganiol :
Depuis trois ans, il y a une réflexion de l’ensemble des acteurs privés et publics sur l’avenir du Canal du Midi que l’on ne peut laisser se dégrader. Je rappelle que c’est un patrimoine de l’Unesco de 240 kilomètres de long avec une soixantaine d’écluses. C’est aussi 20% du tourisme fluvial en France et des milliers d’emplois directs. Dérèglement climatique, pollutions multiples, nous lançons des alertes depuis des années car aucun diagnostic précis et réaliste sur son état de santé actuel et les risques à venir, - notamment lié au changement climatique - n’est établi. Il y a eu des rencontres organisées pour réfléchir à une nouvelle gouvernance qui ont abouti hier sur le premier Comité de bien du Canal du Midi à l’initiative de la préfecture et du conseil régional. C’est une bonne chose mais avec les trois autres premiers signataires de l’appel citoyen, - dont les scientifiques Serge Soula et Anne Mesas -, nous attendons que les scientifiques se mobilisent. Le monde de la recherche régionale fait des choses magnifiques pour l’architecture, l’aéronautique, alors pourquoi pas pour le Canal du Midi ?

Quels seraient les enjeux prioritaires ?
Le chancre coloré est mis sur le devant de la scène mais il y a des problèmes d’évaporation de l’eau et de pollution qui risque de se renforcer avec le réchauffement climatique. La force du canal du midi est d’avoir une voûte arborée. Dans certaines régions de l’Aude où il n’y a plus de platanes, il y a un impact sur l’évaporation de l’eau de près de 80%. Serge Soula qui travaille depuis quatre ans sur l’impact du changement climatique sur le canal, alerte sur le sujet. Or cette eau est précieuse comme facteur économique : elle sert de réserve d’eau potable et pour l’agriculture. Concernant la pollution, aucune étude globale n’a été menée sur la qualité des eaux en trente ans. Or le canal coule en zone urbaine, péri-urbaine et rural. Il est parfois encaissé et subi des pollutions multiples : pesticides, organiques, urbaines suite aux événements pluviométriques. Il faudrait retraiter les eaux du canal et les préserver.

Qu’attendez-vous de cet appel ?
Nous attendons que des chercheurs, ingénieurs, techniciens, aménageurs se mobilisent dans leur complémentarité autour du canal en proposant leurs idées et compétences. L’impact est important : nous avons déjà reçu une trentaine d’appels. Nous répertorions les compétences et demandons à chacun d’envoyer leurs contributions concrètes pendant l’été. Une première synthèse des contributions aura lieu le vendredi 16 septembre 2016, lors du Carrefour scientifique pour l’Avenir du Canal du Midi, de la Journée sur l’économie au fil de l’eau et du 8ème Workshop du tourisme fluvial organisé à Toulouse. L’important est l’apport des scientifiques dans leur complémentarité. Ensuite nous construirons sachant que madame la présidente Carole Delga et le préfet de région ont annoncé des budgets dans le cadre des contrats de plan Etat Région remaniés.
Propos recueillis par Aurélie de Varax

230 millions d’euros pour le développement durable du Canal du Midi

Lors du premier Comité de Bien pour le Canal du Midi ce mercredi, le Préfet de la région et la présidente du Conseil régional ont annoncé l’élaboration d’un plan de développement durable pour le canal. Evalué à 230 millions d’euros sur cinq ans, il sera financé à au moins 50 % par l’État. Une participation de 40 millions d’euros sera proposés aux élus régionaux. Objectifs :
 la valorisation économique, touristique et paysagère,
 la restauration environnementale,
 la préservation du patrimoine historique et son animation.

3 Messages

  • Jérôme le 24 juin 2016 10:54

    Quid de l’indispensable à savoir qu’il faut planter des essences différentes pour éviter les propagations du chancre coloré, comme de toute autre maladie. C’est une base et cette erreur n’existait pas à l’origine du canal car il était fait pour durer. Une variété d’essences le bordait et permettait la vie autour de cet axe de communication... Je crois qu’il a ensuite été acheté par la compagnie de chemin de fer (pour s’assurer d’étouffer toute la concurrence qu’aurait pu faire le canal à l’encontre du développement du rail). Pour faire déserter la vie humaine autour du canal, quoi de mieux que de planter des arbres sans fruits comestibles et dont les feuilles imputrescibles engorgent le lit...
    Il faut choisir la voie du Développement Durable pour atteindre un progrès profitable à tous et non la poudre aux yeux destructrice utilisée depuis la Révolution Industrielle au XIX e siècle qui était, comme l’est notre économie actuelle, basée sur le pillage des ressources et le chacun pour soi aux dépens de tous.
    Le canal doit être avant tout préserver la ressource en eau, assurer sa répartition et remplir son office d’axe de communication pour le fret.

    • jean louis le 26 juin 2016 11:41

      entièrement d’accord en ajoutant sur la vocation de transport de fret qu’il y a beaucoup à faire pour faire renaitre cette activité de façon différente du 19 ème siècle et que notre période est certainement plutôt de bonne augure pour cette alternative de transport

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      • jean louis le 26 août 2016 10:30

        entièrement d’accord , sur la vocation de transport à faire renaître différemment avec les atouts d’aujourd’hui à commencer par la grande région qui unit Montpellier et Toulouse politiquement et économiquement .
        En effet , le canal peut redevenir un lien entre les 2 pôles , pourrait on réfléchir au échanges que vont avoir les 2 « régions » et provoquer un appel citoyen des entreprises et des élus régionaux en ce sens pour faire ce qu’ils savent faire quand ils ont la volonté en développement économique , en faisant appel aussi à l’économie sociale et solidaire par exemple .

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Source : https://www.touleco-green.fr/Un-appel-citoyen-convoque-les-scientifiques-au-chevet-du-Canal,19579