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Toulouse. La pollution de l’air classée cancérigène

Le Centre international de recherche sur le cancer vient de classer la pollution de l’air cancérigène. Le point sur la situation avec Régine Lange, présidente de l’Observatoire régional de la qualité de l’air en Midi-Pyrénées (Oramip).

La Synthèse des Rencontres internationales air-climat-santé qui ont été rendues publiques la semaine dernière à Toulouse ont éclairé d’une façon inattendue la perception que l’on peut avoir de l’air que l’on respire. L’information est donnée par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), et portée par la fédération Atmo France, le réseau des associations agréées de la surveillance de la qualité de l’air : la pollution de l’air extérieur est cancérigène.

Et il ne s’agit plus aujourd’hui pour ces organismes de se contenter d’alertes lors des pics de pollution, ou de stigmatiser telle ou telle ville, mais bien de rendre compte que la pollution de l’air en général est à la source de cancer du poumon et de la vessie. 

Et c’est un phénomène urbain, « où Toulouse est dans la même situation que Lyon, Paris ou Marseille, explique Régine Lange, présidente de l’Oramip, l’Observatoire régional de la qualité de l’air en Midi-Pyrénées, membre d’Atmo. Nous appelons à une prise de conscience collective. »

42.000 morts prématurées par an

La pollution de l’air est devenue un problème de santé publique. Les particules fines rentrent profondément dans les bronches, et sont à l’origine de 42.000 morts prématurées. Les moteurs diesels sont montrés du doigt, ainsi que les systèmes de chauffage au bois non équipés des filtres adéquats. Quant aux filtres automobiles ils ne paraissent pas suffisant pour freiner l’envol des particules fines dans l’air.

On peut la sentir, avoir la gorge qui pique, mais la pollution de l’air est impalpable. Il suffit d’aller sur le site de l’Oramip et de cliquer sur les départements de Midi-Pyrénées pour se faire une idée de l’air que nous respirons : de l’ozone, du dioxide de carbone, et des particules en suspension d’un diamètre inférieur à 25 et 10 microns. Les indices de qualité de l’air sont classés par couleur, vert (très bon), orange, (moyen-médiocre), rouge (mauvais). Et sous cet angle, Toulouse n’est plus rose, mais orange.

Ces données sont réalisées grâce à des outils de surveillance : des analyseurs rassemblés sur des stations de mesure de la qualité de l’air. Elles sont péri-urbaines, ou à proximité des trafics, rurales, et également de proximité industrielles. Pas une grande ville n’échappe à cette surveillance, exercée quotidiennement. 


Toulouse dépasse les normes européennes


Bien que Toulouse ait une situation géographique favorable, le souffle du vent d’Autan ne suffit pas à repousser la pollution. En 2012, une dizaine de villes françaises, dont Toulouse, ont dépassé les normes européennes. En 2014, cette pollution atmosphérique va pénaliser la France lourdement : 11 millions d’euros, et 240.000 euros de pénalités par jour. La Commission européenne attend que l’Hexagone respecte les valeurs limites de particules fines. Mais pour ce faire, il faudrait que la France revoit sa consommation de diesel. En effet, selon le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique, les véhicules diesels rejettent 12,9% des PM10 (particules inférieures à 10 microns) contre 1% pour les véhicules essences. Un constat qui doit pousser l’industrie automobile à des alternatives, estime Régine Lange : « Les industriels doivent moins tabler sur le diesel, et se tourner vers une mutation de l’industrie automobile, pour limiter les émissions. »

Quelles solutions envisager ?

Mais les préconisations vont au delà de la sphère industrielle selon la présidente de l’Oramip : « Nous sommes tous concernés, et nous devons faire des choix. Il faut limiter le trafic, préférer le covoiturage, la marche à pieds, que les entreprises décalent les horaires de travail, que les pouvoirs publics développent les transports en commun. » 
Pour les organismes en charge de surveiller la qualité de l’air, et pour l’OMS, il s’agit bien de communiquer au plus grand nombre ces résultats, pour que la prise de conscience soit la plus étendue possible.

Mais peut-on imaginer que face à une telle situation on interdise les voitures à l’abord des centres-villes, qu’une flotte de bus prenne en charge les milliers de Toulousains qui se rendent au travail, que les personnes seules dans leur voiture soient pénalisées ? Et qu’à l’instar de la Norvège, la France plébiscite la voiture électrique ? Dans ce pays, septième exportateur de pétrole, elles peuvent rouler sur les voies réservées au bus, se recharger et se garer gratuitement. Elles sont exonérées des péages et de TVA. 

Virginie Mailles Viard


Sur la photo : La rue de Metz à Toulouse / Régine Lange, présidente de l’Oramip. Crédits : ToulÉco / DR.

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Source : https://www.touleco-green.fr/Toulouse-la-pollution-de-l-air-classee-cancerigene,11955