« En quinze années, Toulouse a beaucoup progressé en termes d’aménagements pour les vélos. Nous sommes fiers de montrer notre ville. » Sébastien Bosvieux, président de l’association toulousaine Deux pieds Deux roues, a reçu vendredi 23 mai la 15e Journée d’Etude de la FUB, la Fédération des Usagers de la Bicyclette consacrée à la "Génération vélo". Psychologues, sociologues et anthropologues ont décortiqué la petite reine pour essayer de comprendre les motivations des grands et des petits à l’utiliser ou non.
« Étrangement constate Sébastien Bosvieux, alors que statistiquement il y a plus d’usagers et moins d’accidents, les parents focalisent sur la sécurité et sur le côté dangereux du vélo. Et paradoxalement, alors que les accidents à mobylette sont plus fréquents, on voit de plus en plus de jeunes utiliser ces engins motirisés. » Qu’est-ce qui freine un usage plus large de la bicyclette en ville ? Un manque de pistes cyclables confortables et sécurisées ? Une méconnaissance du territoire et des règles de circulation qui fait du trio vélo-voiture-piétons un vrai casse-tête pour les usagers ?
« Il est vrai, reconnaît Sébastien Bosvieux, qu’un rapport de force s’est installé à Toulouse entre les vélos, les piétons et les voitures. Il faut apprendre à cohabiter. Il faudrait communiquer sur la façon dont fonctionnent ces nouvelles rues : les zones piétonnes donnent aux piétons une priorité absolue, les cyclistes sont tolérés. Ils doivent adapter leur vitesse aux piétons. »
L’apprentissage du vélo dès le plus jeune âge : connaître et reconnaître
Comment faire tomber les appréhensions et a priori : par la connaissance et le savoir. Ainsi, le projet Vélicités, s’est donné pour mission de raccorder le vélo à la découverte de l’environnement chez les plus jeunes. Dans la banlieue toulousaine, à Mondonville, des éducateurs ont rapproché les enfants de leur territoire. « Les enfants sont le plus souvent en voiture, ils n’ont pas d’autres repères. En se déplaçant à vélo, ils ont découvert des pâtés de maisons, un cours d’eau, tout un paysage qui leur était à la fois proche et inconnu. » Le vélo est une opportunité pour les enfants d’apprendre à se déplacer, en connaissant les rues, les panneaux, autant d’indices et de repères qui sécurisent les trajets. Ainsi, analyse Sébastien Bosvieux, « cet apprentissage les met en condition pour appréhender la circulation, afin qu’ils anticipent les dangers. »
Une population particulière échappe encore à cette monture : les adolescents. « Le vélo touche principalement les adultes, jeunes actifs et étudiants. Mais si les enfants aiment découvrir le vélo, dès qu’ils sont au collège, le vélo a une mauvaise image, les adolescents le trouve ringard. Mais nous avons de quoi casser cette image. Aujourd’hui le marché du vélo à Toulouse explose, présente des formes diverses, ludiques et conviviales. » Les pignons fixes, les Fixies Bike utilisés par les coursiers de New-York ont fait grimper la côte du deux roues. Des formations diplômantes d’éducateurs aux vélo sont en cours de réalisation. Les Vélibs, eux, ont affranchi l’objet de la question de la propriété en le rendant à la collectivité.
De Jacques Tati en facteur éperdu pédalant pour résister aux assauts de la modernité dans Jour de Fête, au vélo électrique du 21ème siècle, les deux roues « attachent tout et son contraire » , observe Sébastien Bosvieux. « Du Bobo, au désargenté, en passant par l’écolo et le sportif. Dans une société très technologique, ce mode de transport ancestral apporte une dimension humaine. »
Virginie Mailles Viard
Sur les photos : des cyclistes adultes et enfants à Toulouse. Copyright Sébastien Bosvieux.