Encore un virage professionnel consécutif à la crise sanitaire. En 2020, l’ingénieur aéronautique franco-brésilien Raphaël Cervan, qui travaille chez Airbus, décide de réorienter sa vie autour de la transition énergétique. « J’étais de moins en moins en phase avec l’industrie aéronautique et de plus en plus inquiet du futur de la planète, du climat. J’avais l’envie d’agir vite et concrètement. En 2020, je me suis senti prêt à me lancer dans la création d’une entreprise dans l’énergie, car ce secteur demande des compétences proches de celles nécessaires dans l’aéronautique, comme la gestion de systèmes au fonctionnement complexe. J’ai alors démarré un master en entrepreneuriat », raconte le fondateur de Sunbiose.
La jeune pousse a pour objectif d’aider à gérer les projets d’autoconsommation collective d’énergie renouvelable et s’adresse tout particulièrement aux collectivités locales, aux entreprises et aux bailleurs sociaux. « Nos clients produisent de l’énergie durable, par exemple par le biais de panneaux solaires, et nous voulons les aider à gérer le surplus qu’ils ne consomment pas, à le partager et le revendre. Si l’idée est simple, la mise en place est plus ardue. Il faut faire des analyses énergétiques complexes pour savoir à qui [1] et à quel moment il vaut mieux partager l’énergie », explique Raphaël Cervan.
La plateforme que développe la start-up, accompagnée depuis la fin de l’année 2023 par l’incubateur toulousain à mission Nubbo, se sert de la big data et de l’intelligence artificielle. Encore en cours d’élaboration, celle-ci est testée dans une communauté du Gers, dans la commune de Cologne. L’accompagnement de Sunbiose va bien plus loin que la simple mise à disposition d’une plateforme numérique. « Nous les aidons à aller chercher les membres de la communauté et nous pouvons accompagner la gestion de celle-ci dans le long terme, gérer les départs ou les arrivées. Nous pouvons être aussi l’interface avec le distributeur d’électricité français Enedis », résume le dirigeant. La start-up pourrait soit facturer ses services, soit « rentrer dans le capital de certaines communautés et toucher une commission sur toute l’énergie valorisée » à l’intérieur de celle-ci.
Soutien de Nubbo dans le développement commercial
Le projet séduit déjà. Au niveau régional, il a remporté le concours "La Startup se met au vert", porté par l’agence de développement économique de la Région Occitanie Ad’Occ. Et, au niveau national, il a été distingué par un prix de l’Université Paris-Saclay. Et il va par ailleurs bénéficier du réseau prestigieux de Nubbo. « Nous avons, avec mon associé polytechnicien Guilherme Cunha, qui a réalisé une thèse en mathématique à l’Office national d’études et de recherches aérospatiales (Onera), des profils plutôt techniques. Les experts de l’incubateur vont nous épauler pour développer nos compétences plus commerciales. Et puis, être au sein de Nubbo, c’est un tampon qualité intéressant qui va nous servir pour convaincre collectivités et bailleurs sociaux », indique l’entrepreneur occitan.
Dans les mois qui viennent, la jeune pousse « pourrait rapidement embaucher » mais ne « devrait pas se lancer pour le moment dans une levée de fonds ». Sunbiose pourrait s’installer à Cologne au sein d’une pépinière d’entreprise ou au sein de la Cité à Toulouse. La première option a la préférence de Raphaël Cervan pour qui cette installation serait symbolique de la volonté de la jeune pousse « d’accélérer la transition écologique, pas seulement depuis les zones urbaines ».
Matthias Hardoy
Sur la photo : Raphaël Cervan, fondateur de la start-up Sunbiose. Crédit : Hélène Ressayres - ToulÉco.
Notes
[1] Il faut, par exemple, une distance géographique de deux kilomètres maximum entre les membres les plus éloignés de la communauté d’autoconsommation collective.
