C’est fait. La communauté de communes des Coteaux du Laurageais sud (Colaursud) est entrée massivement dans l’ère du renouvelable. Entre blé et tournesol, elle accueille désormais un champ d’un autre type, productif et vert lui aussi, un champ de 52.000 panneaux solaires sur 27 hectares. La centrale solaire de Calmont devrait produire 15.800 mégawatts-heure par an, de quoi alimenter 4000 foyers en énergie verte. Soit le plus gros projet photovoltaïque en Haute-Garonne.
« Nous apportons notre contribution à la transition énergétique dans la mise en place d’énergies propres. Un pas en avant aussi vers l’autonomie de notre territoire », se félicite Christian Portet, président de Colaursud et maire de Calmont. Avec ce projet, la communauté de communes s’attend à une recette fiscale annuelle de 50.000 euros. Toujours bon à prendre à l’heure des économies tous azimuts. Quant à Ténergie, le constructeur, il entend montrer avec Calmont que l’énergie issue du photovoltaïque est aussi compétitive que les autres énergies puisque le coût de production de la centrale se rapproche des estimations annoncées pour la centrale nucléaire EPR de Flamanville (plus de 100 euros par mégawatt-heure). Il faut dire que Ténergie a repris en 2012 un projet initialement monté par Veolia à un tarif de rachat de l’électricité déjà fixé (11.68 centimes d’euro le kilowatt-heure) et plus avantageux que les conditions en vigueur, soumises à des baisse de tarifs chaque trois mois.
Les agriculteurs dénoncent une « fumisterie »
Sous une mer de panneaux photovoltaïques, s’étendent 27 hecatres de terres cultivables, et cultivées, jusqu’au démarrage du chantier. D’où la grogne des agriculteurs. « Nous trouvons utile d’explorer le renouvelable mais ici, c’est un projet consommateur de surfaces cultivables alors qu’il y a des terrains en friche » ; explique Patrice Ramond, secrétaire général du syndicat des Jeunes agriculteurs de la Haute-Garonne (SJA). Bien qu’il puisse sembler réducteur d’opposer le photovoltaïque à l’agriculture, les opérateurs photovoltaïques sont incités à privilégier les friches et les terres en jachère sur le fondement de la circulaire Borloo du 19 novembre 2009.
Ironie du sort, la question ne s’est pas posée à Calmont puisque le plan d’occupation des sols avait déjà été modifié en 2005. « Le terrain a été repéré comme future zone d’activité dès la confirmation de la sortie d’autoroute Mazères-Saverdun-Calmont sur l’A66, » raconte Christian Portet. Lors de l’enquête publique, aucune réaction de la part des agriculteurs. « Nous ne nous sommes pas mobilisés car le projet était porteur de nombreuses créations d’emploi pérennes », explique Patrice Ramond. Rien à voir avec une centrale solaire au sol. Pour ménager la chèvre et le chou, Ténergie s’est engagée sur vingt ans d’exploitation, laissant la porte ouverte à une reconversion des terres agricoles. « Les panneaux sont sur des pieux implantés dans le sol, non scellés avec du béton. En les arrachant, on retrouvera les terres », ajoute Christian Portet. « Une fumisterie » selon Patrice Ramond : « Pour nous, ce sont des terres perdues car la mise à nue des pieux de bétons de 2 à 3 mètres coûtera beaucoup trop cher. »
Aurélie de Varax
Sur la photo : Les 52.000 panneaux de la centrale solaire de Calmont. Crédits : Ténergie.
4 Messages