L’heure d’un premier bilan est venue pour Smart Occitania. Piloté depuis 2017 par Enedis avec le soutien de la Région Occitanie, le projet « de réseau électrique intelligent » a pour objectif d’optimiser la distribution de l’électricité et faciliter le développement des énergies renouvelables dans les territoire ruraux. « L’idée est toujours de faire de l’Occitanie, la première région à énergie positive d’ici 2050 », rappelle Nadia Pellefigue, vice-présidente de la Région Occitanie en charge notamment du Développement économique et de l’innovation. Ce sont les industriels Actia Group et le Groupe Cahors qui, avec les laboratoires Promes de Perpignan et l’Irit de Toulouse, ont mené des tests pendant trois ans et demi. Les premiers impacts sont positifs. L’installation de 3000 capteurs communicants en Occitanie à permis par exemple, selon Enedis, « un gain de temps de 20 % sur les localisations de panne correspondant à un gain de 45 minutes lors des coupures électriques ».
Autre projet réalisé, la mise en place d’un protocole permettant d’estimer la consommation de manière plus fine et ainsi d’éviter notamment toute saturation des réseaux : cinq méthaniseurs et sept stations de pompage ont été observés à la loupe. « Il va falloir limiter l’écart entre la production d’énergie renouvelable et la consommation d’électricité. La première doit augmenter et la seconde diminuer », vulgarise, Isabel Garcia Burrel, chargée du dossier Smart Occitania au sein d’Enedis. « La baisse de la consommation électrique devra être d’environ 40% », estime Daniel Labéda, le directeur au sein du groupe Actia. Un pourcentage loin d’être anodin.
Une transition énergétique d’ampleur
Favoriser le stockage de l’énergie renouvelable tout en limitant drastiquement les dépenses énergétiques inutiles, tel est le chantier d’ampleur qui ne fait que s’ouvrir. Cela va impliquer un changement profond dans la façon dont on conçoit l’énergie. Le cadre juridique qui régit ces questions « va par exemple devoir beaucoup évoluer », note Isabel Garcia Burrel. Pour mener ces transformations d’ampleur, des élus de plusieurs départements (Aude, Aveyron, Haute-Garonne puis Tarn, Lozère et Ariège) ont été formés pendant trois ans à la question des énergies renouvelables. Comment identifier les points les plus énergivores ? Comment améliorer le bilan carbone des territoires ruraux ? Voilà certaines questions abordées lors de ces formations.
Il en ressort que c’est à l’échelon des communautés de communes que la formation est la plus utile, car ce sont elles « qui ont le plus de leviers pour agir sur l’énergie », explique la chargée de dossier chez Enedis, qui souhaite par ailleurs que « les fonctionnaires territoriaux soient sensibilisés à ces questions ». « Il faut aussi embarquer la population dans cette transition », selon le directeur d’Actia. Smart Occitania a déjà démarré ce travail en sensibilisant 2300 particuliers à ces enjeux complexes. Durant cette première phase, de nombreux conseils pratiques leur ont été donnés pour optimiser leurs dépenses énergétiques.
Le budget total de Smart Occitania s’élève à 8 millions d’euros dont 5 millions pour Enedis (25% sont néanmoins pris en charge par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, Ademe, qui a décerné en 2017 un prix « Réseaux Électriques Intelligents » au projet). Les questions soulevées par le projet sont loin « d’avoir trouvé des réponses définitives », avoue Isabel Garcia Burrel. La transition énergétique n’a pas fini de nous faire des nœuds au cerveau.
Matthias Hardoy
Sur la photo : Nadia Pellefigue, vice-présidente du Conseil régional d’Occitanie en charge du Développement économique, de la recherche, de l’innovation et de l’enseignement supérieur, et Isabel Garcia Burrel, chargée du dossier Smart Occitania au sein d’Enedis lors de la conférence de presse de Bilan du dispositif. Crédit : M.H