Riguecoop, la seule « Entreprise Solidaire » du canard gras français

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L’expert du canard gersois Riguecoop a survécu à la crise aviaire grâce à son statut coopératif de Scic. Pionnière du genre, l’entreprise pourrait essaimer sa réussite au chevet d’autres savoir-faire traditionnels.

Ils ont choisi la silhouette de Dartagnan comme marque de fabrique. Il y a un an et demi, les mousquetaires gersois du canard tradition, se sont unis pour créer Riguecoop, la première Scic (Société coopérative d’intérêt collectif) du genre. Une entreprise installée à Riguepeu qui a la particularité d’être la seule structure agréée « Entreprise Solidaire » dans tout l’univers du canard gras français. A l’origine du projet : la liquidation de la conserverie Canard de France en mai 2014 et la mobilisation de sept salariés de l’entreprise pour racheter les murs et le matériel, et protéger un savoir-faire traditionnel.

"Le projet a mis neuf mois à se concrétiser avec l’appui de l’Urscop et nous avons choisi le statut de Scic", raconte Jean-Michel Duffau, l’actuel gérant de la structure qui a porté le projet avec l’ex-responsable des finances de Canard de France, Nadia Prudhomme. " C’est un modèle parfait pour notre activité car il permet d’associer toutes les forces vives, du "canard d’un jour" au boucher qui commercialise. Nous sommes trente-quatre associés coopérateurs répartis dans quatre collèges qui regroupent les gaveurs, les éleveurs, les salariés, les partenaires et même des bénévoles." Une organisation tournée vers un objectif : fabriquer des produits de qualité - magrets, foies gras, rillettes, confits, pâtés et autres conserves - dans une approche équitable face aux quatre industriels de la filières.

"Les gros faiseurs se font une marge sur le dos des gaveurs en particulier. Nous leur achetons le canard gavé 9% plus cher", précise le gérant. Le but est que chacun vivent correctement et qu’une partie des résultats soient redistribuée à l’intégralité des salariés. Des engagement qui ont valu à Riguecoop d’être agréée par l’Etat "Entreprise Solidaire" et, surtout, de survivre aux trois mois et demi de vide sanitaire imposés par la grippe aviaire en 2016.

Le modèle coopératif, un atout anti-crise

Tout a commencé très fort pour la jeune Scic. En mai 2015, elle démarrait son activité avec 500 canards transformés par semaine. Un an après, elle avait déjà doublé ses volumes de production. Puis c’est le début de la crise aviaire. "Tous pour un", les sociétaires se mobilisent d’une seule voix pour sauver le bateau. "La décision de chômage partiel a été prise à quasi 100% très vite", raconte Jean-Michel Duffau. " Notre expert comptable qui est sociétaire a déposé très rapidement un dossier pour une avance de trésorerie ainsi que la demande d’indemnisation de l’État. A plusieurs, nous avions plus de poids vis-à-vis des banques et certains fournisseurs coopérateurs ont accepté de reporter des exigences de règlements".

Autre avantage de cette économie de la coopération, la structure a pu redémarrer à plein volume le 18 août 2016 avec un très bon stock de matière à transformer : 1600 canards par semaine. Reste que l’inquiétude est grande actuellement face au spectre d’une nouvelle crise. Deux sociétaires éleveurs sont déjà en zone de surveillance.

Riguecoop devrait clôturer son exercice 2016 au-delà du million d’euros de chiffre d’affaires avec neuf salariés. Deux embauches sont prévues en 2017.
Aurélie de Varax

Sur la photo : des membres du collège "salariés" de Ricuecoop. De gauche à droite : Jean-Michel Duffau, Patricia Marchesin, Evelyne Sepot, Pauline Molinier, Nadia Prudhomme, Olivier Sepot. Photo Riguecoop.

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Source : https://www.touleco-green.fr/Riguecoop-la-seule-Entreprise-Solidaire-du-canard-gras-francais,20755