
Sur l’île d’Islay, en Ecosse, on utilise la tourbe des tourbières pour ses arômes fumés qu’elle apporte au whisky. Dans le Tarn, on essaye de préserver cette ressource naturelle des zones humides en éclairant les propriétaires privés sur la richesse de ce patrimoine. L’éclaireur, c’est Rhizobiòme, une coopérative d’intérêt collectif, qui a crée en 2001 le réseau Sagne, où se réunissent les acteurs qui souhaitent préserver ce milieu : conseil général, communautés de communes, habitants et propriétaires privés. Les forces de Rhizobiòme , ce sont des salariés professionnels de la nature, des scientifiques, et des personnes à même de faire entendre la nécessité de préserver les tourbières.
C’est ainsi que Céline Rives-Thomas, géographe de formation, et directrice de Rhizobiòme voit son action : « Il faut donner vie à cette question de nature, ne pas rester trop technique. D’un premier regard, les propriétaires ne trouvent aucun intérêt à un endroit que l’on ne peut pas utiliser de manière classique. Dans les tourbières, le pied s’enfonce, la terre est spongieuse, beaucoup pensent que ces endroits ne valent rien. »

Mais les tarnais sont attachés à leur terre, et refusent de la vendre. Le constat sur le terrain peut être catastrophique : « Au pire ils détruisent les tourbières, au mieux ils ne s’en occupent pas, et des plantes dominantes étouffent les petites plantes. » Pour faire tomber les idées reçues, modifier les comportements, Céline Rives-Thomas redonne au lieu ses vraies fonctions. « Une fois qu’ils réalisent ce qu’ils ont entre les mains, leur regard change. Nous leur expliquons ce qu’est une tourbière : une éponge qui garde l’eau, et la restitue aux rivières, qui a donc une fonction de régulation des écoulements, et permet d’éviter les inondations. C’est un micro-barrage naturel. C’est aussi le lieu de la biodiversité, certaines plantes rares ne vivent que là. »
Pour sauver les sagnes, une seule arme, le réseau qui met en branle une communauté d’acteurs et d’outils qui accompagneront le propriétaire dans son oeuvre de préservation : un éleveur qui pourra y faire pâturer les vaches, la création de mares « des zones refuges pour la flore ». « Le particulier le fait sans contre-partie financières. Nous le rendons maître de son territoire, nous créons un lien de solidarité entre le propriétaire et le lieu, et entre les acteurs. »
En 2012, se tiendra la biennale de l’Ecole des Sagnes.
Virginie Mailles Viard
Le site de Rhizobiòme
http://www.rhizobiome.coop
– Une série de portraits réalisée en partenariat avec :
– Photo de Une copyright Emilie Fernandez
[(Le département du Tarn compte à ce jour 2035 ha de tourbières et prairies humides connues. Les surfaces de prairies inondables, de gravières, les kilomètres de ripisylves ne sont pas à ce jour évalués, mais couvrent des surfaces bien plus importantes.
L’ambition du Réseau SAGNE est d’engager 1100 ha de zones humides dans une démarche de gestion durable, c’est-à-dire permettant de conserver les qualités fonctionnelles et écologiques des sites, et ce d’ici 5 ans.)]