Nos pots de yaourts et nos films alimentaires bientôt dans le bac bleu ? C’est l’objectif qu’Éco-Emballages, fixe sur les quinze ans à venir. Alors qu’actuellement seuls 40% des emballages plastiques font l’objet d’une consigne de tri (bouteilles et flacons), l’extension de ces consignes aux pots, barquettes et films plastiques capterait 75 à 80% du gisement. « Nous avons initié en 2012 une expérimentation nationale sur cette extension, à laquelle 500.000 midi-pyrénéens ont été associés », détaille Laure Poddevin, directrice d’Éco-Emballages Sud-Ouest. « Le recyclage des emballages plastiques stagne à 23% depuis plusieurs années mais les résultats encourageants de cette expérimentation au niveau national permettent d’envisager un doublement du gisement potentiel d’emballages à recycler, d’ici 2030 ».
Le temps pour le consommateur, les centres de tri et les filières de recyclage, de s’adapter [1]. Éco-Emballages consacrera 90 millions d’euros à ce défi sur deux ans.
Cap sur la modernisation des centres de tri
Huit collectivités de Midi-Pyrénées ont participé à la première expérimentation ainsi que le centre de tri Drimm à Montech dans le Tarn et Garonne (Séché Environnement). « Nous avons constaté que cette extension des consignes simplifie beaucoup le geste de tri et entraine une amélioration de l’ensemble de la collecte d’emballage qui a progressé de 13% », se félicite Laure Poddevin. Le tout sans déstabiliser la collecte des bacs. Là où le bât blesse, c’est au niveau des centres de tri surtout que la région en compte une quinzaine en tri manuel. « Une des difficultés majeures, ce sont les films plastiques. Très légers, ils sont difficiles à isoler du reste. Des objets de taille plus petite et de formes variables augmentent aussi les gestes de tri pour un trieur ». Le défi est technique, humain et économique.
Pionnier sur la région, le Centre de tri Drimm a investi sept millions d’euros pour se doter d’un outil performant associant tri mécanique et tri optique pour s’attaquer aux déchets ménagers dont les plastiques de toutes tailles et matières. L’établissement se prépare à répondre à l’appel d’offre pour la seconde expérimentation. « Notre défi est de définir le bon outil pour capter automatiquement les plastiques souples dans les flux pour les trier et les valoriser », explique Yohann Saos, responsable d’exploitation du centre. Limiter ainsi les pertes de matière tout en diminuant le contrôle humain sur la chaîne.
Selon Yohann Saos, l’extension du tri des plastiques pourrait augmenter les coûts de traitement jusqu’à 20% pour les centres non automatisés. Dans son plan global, Eco-emballage prévoit une réorganisation du maillage territorial avec des centres plus grands dans les zones densément peuplées. Au global, ils seront donc moins nombreux, plus automatisés et plus performants. Reste à savoir qui restera.
Aurélie de Varax
Sur la photo : tri optique des emballages au centre de tri de Drimm (Tarn et Garonne). Photo Drimm – Séché Environnement.
Eco-Emballages vient de lancer un appel à candidature auprès des collectivités pour mettre en place l’extension des consignes de tri d’ici janvier 2016. Objectif : impliquer 20 à 30 centres de tri supplémentaires en France (8 à 10 millions d’habitants) et tripler le tonnage de nouveaux plastiques recyclés.
Notes
[1] Seuls les bouteilles et flacons en PET et PeHD sont aujourd’hui recyclables, ainsi qu’une très faible proportion de pots et barquettes en PP, PE et PET.