C’est décidément tendance de faire appel à l’innovation collaborative et de s’ouvrir au numérique pour répondre aux enjeux du XXIème siècle. C’est au tour de l’agence de l’eau Adour-Garonne, établissement public sous tutelle ministérielle, de miser sur ces approches expérimentales pour inventer de nouveaux modes d’organisation de l’eau, face aux défis que le changement climatique fait peser sur l’eau. Elle vient de lancer l’appel à projets « Villes et territoires intelligents pour l’eau ».
« Nous devons anticiper les conséquences d’une baisse des débits sur nos cours d’eau de 30 à 40% d’ici 2050 selon nos études prospectives. Les solutions à trouver ne sont plus dans l’atténuation mais l’adaptation sachant que notre territoire fait aussi l’objet d’une forte pression démographique. Nous devons donc nous ouvrir aux innovations, » souligne Joël Marty, responsable du service innovation et prospective à l’Agence de l’eau Adour-Garonne. Depuis 2013, l’agence a déjà soutenu une vingtaine de projets répondant à une meilleure utilisation de l’eau mais l’idée est désormais de frapper plus fort et d’aller plus loin dans l’expérimentation. L’institution met donc quinze millions d’euros sur le tapis pour le financement, à hauteur de 70%, des projets collaboratifs les plus innovants pour une gestion plus intelligente de l’eau dans les villes et les territoires.
Inventer des solutions de ruptures
« Nous sommes en partenariat avec les régions Occitanie et Aquitaine, l’Ademe, les agences de développement comme Madeeli et aussi le pôle compétitivité Eau », poursuit Joël Marty. « Notre objectif est que des collectivités de tailles moyennes s’associent aux entreprises et au microcosme de l’innovation pour proposer des projets innovants sur des sujets comme les économies d’eau, l’assainissement, la récupération des eaux pluviales, la qualité des milieux aquatiques et la biodiversité, l’économie circulaire de l’eau etc. » Avec un débit d’eau réduit d’un tiers dans nos rivières d’ici trente ans, la question de l’irrigation et de l’évitement des rejets de polluants va par exemple prendre de plus en plus d’importance, tout comme devront l’être, les solutions proposées".
L’agence compte donc anticiper pour s’adapter plus vite, en mettant à contribution les nouvelles technologies - qu’elles soient digitales ou autres -, pour expérimenter autrement et trouver des solutions, éventuellement de ruptures, à la hauteur des défis. « Nous attendons d’être surpris et de mettre en place un véritable dialogue avec les porteurs de projets pour donner leurs chances aux solutions les plus innovantes » précise Joël Marty. Les solutions choisies au cours du premier semestre 2018 seront ensuite expérimentées avec l’appui des collectivités avant d’être essaimées largement.
A.de V.
Photo Pierre Barthe.