Exploité depuis trois générations, le Domaine Delmas, repris par Bernard Delmas dans les années 80, fut l’un des premiers à se lancer dans le bio, en 1986. « Quand nous nous sommes lancés en bio, il y avait alors très peu d’offres. J’avais goûté les vins d’un collègue vigneron qui était passé en bio sur du chardonnay et c’est avant tout l’attrait qualitatif qui m’a incité », se souvient Bernard Delmas qui poursuit : « Il y avait aussi un intérêt économique. Produire en bio nous ouvrait à l’export et aujourd’hui nous exportons 60% de notre production, principalement aux États-Unis et en Suisse, mais aussi au Canada, au Brésil, en Allemagne, en Italie, en Belgique, au Luxembourg, au Danemark. ».
Si ce passage au bio n’a pas été une révolution technique, le vigneron a eu du mal à faire comprendre sa démarche à son entourage. « Je n’osais pas dire à la coopérative que j’étais passé au bio, je passais pour un fou ! Aujourd’hui c’est l’inverse, il faut être absolument en bio ». Mais loin de tomber dans les travers du green marketing, Bernard Delmas continue de privilégier la qualité. « Nous produisons actuellement 150 000 bouteilles par an sur près de 35 hectares. C’est moins que les viticulteurs en conventionnel, mais nous cherchons avant tout la qualité à la quantité. On pourrait en faire plus, mais nos clients ne s’y retrouverait pas » assure le viticulteur.
S’essayer à de nouvelles techniques
Avec un chiffre d’affaires s’élevant à 500 000 euros par an, le Domaine Delmas poursuit son investissement dans l’innovation. « Nous avons investi dans du matériel pour faire des essais d’enherbement des sols de nos vignes. En automne dernier, nous avons donc semé des légumineuses ou céréales entre les rangs de vignes. C’est une technique que nous avons découverte en discutant avec un domaine basé à Gaillac et qui a fait ses preuves ». Les céréales ainsi semées pompent de l’azote et le fixent dans le sol grâce aux racines. Au printemps, les céréales ou légumineuses sont enfouies et produisent de l’engrais vert organique, permettant ainsi l’enrichissement des sols.
« Nous souhaitons aller plus loin et cette année, nous allons essayer de ressemer une nouvelle fois au printemps ». À l’arrivée, des bulles d’exceptions vendues entre 10 et 20 euros la bouteille et qui auront nécessité plus de huit manipulations à la main, l’intervention de six salariés et trente saisonniers et de 18 à 24 mois de veillissement. « Le cru 2016 est une bonne année, nous avons un vin de qualité, pas sec, bien structuré, bien équilibré. C’est une année qu’on aimerait renouveler ! »
Coralie Pierre
Sur la photo : Bernard et Marlène Delmas. Photo DR.