Eiffage teste les dernières innovations issues de sa R&D dans une dizaine de chantiers à travers la France, mais le plus important (soit 1800 tonnes d’enrobé) se déroule actuellement entre Cornebarrieu et Pibrac sur la M65B, au Nord de Toulouse. « Nous testons une solution alternative au bitume traditionnel grâce à une couche de base composée à 100 % de liant biosourcé », explique Frédéric Loup, le directeur R&D du groupe. « C’est de l’émulsion recytal, une innovation 100 % bio, issue de notre activité de recherche et de développement, et obtenue à partir de déchets de la sylviculture et de l’industrie papetière que l’on appelle communément la poix de tall-oil. »
Issue de forêts de pin des Landes, la poix présente des performances environnementales élevées. « Mise en émulsion puis mélangée à température ambiante, elle est vingt fois moins consommatrice d’énergie que le bitume traditionnel et est même négative en émission de CO2 », indique Frédéric Loup. Ce revêtement est aussi adapté à la régénération des anciennes chaussées par technique de retraitement en place, grâce à un procédé tout en un, le Biochape Recytal que Eiffage fabrique dans son centre Smeg Nord à Canals, dans le Tarn-et-Garonne. Le mélange des agrégats et de l’émulsion se fait ensuite sur place, ce qui évite les allers-retours de camions.
L’enjeu de la rénovation des chaussées
La rénovation des chaussées est un enjeu pour la métropole qui compte 3500 km de routes sur son territoire, la collectivité a donc intégré ce projet dans son plan climat air énergie territorial (PCAET), dont un volet concerne spécifiquement l’entretien et la modernisation du réseau routier. Le coût de ce chantier expérimental s’élève à 630.000 euros, avec « pour l’utilisation du liant, un surcoût de 5% sur le prix unitaire à la tonne de matériaux produit que la métropole nous aide à financer », indique Eiffage.
Dans ce partenariat qui implique aussi le laboratoire Cerema, l’industriel est autorisé à laisser ce tronçon en couche de roulement direct (sans le recouvrir). « C’est une première qui va nous permettre de surveiller l’évolution du produit, sa résistance aux variations météorologiques et son comportement lié au trafic des poids-lourds », explique Yann Lalain, le directeur technique régional Sud–Ouest pour le groupe. Selon l’industriel, « les perspectives de ce procédé sont réelles et les ressources de poix disponibles sur le territoire (25.000 tonnes), suffisantes pour initier une filière ».
Béatrice Girard.
Sur la photo : À Cornebarrieu, Eiffage teste un bitume composé d’un liant 100 % biosourcé issu de l’industrie papetière. Crédits : Loetitia Grimal - Eiffage.