La fibre de carbone est aujourd’hui un matériau composite recherché notamment dans l’aéronautique et l’automobile pour ses qualités exceptionnelles en terme de résistance et sa légèreté qui permet des réductions conséquentes de carburant. En croissance annuelle de 13%, les prévisions tablent sur un marché mondial de l’ordre de 32 milliards d’euros d’ici 2020. Mais l’absence de filière de recyclage pénalise les acteurs du secteur. Grâce à l’entrée à son capital des industriels de l’aéronautique STS Groupe et Freyssinet Aeroequipment, la société de recherche Alpha Recyclage Composites compte industrialiser un procédé innovant pour construire une filière de recyclage des composites en Occitanie dès 2019.
« Actuellement les chutes de fibres de carbone vont en décharge. C’est un non-sens environnemental qui pénalise l’utilisation de la fibre de carbone par les industriels qui sont de plus en plus confrontés à des contraintes de recyclage de leurs déchets de fabrication et de leurs produits en fin de vie », explique Laura Pech, directrice générale d’Alpha Recyclage Composites. Créée en 2009 à Toulouse dans le giron de la holding familiale Alpha Recyclage, la société a mis au point un procédé innovant de vapo-thermolyse appliqué au traitement des composites-carbone, en collaboration étroite avec l’Ecole des Mines Albi-Carmaux. « Nous avions développé ce procédé pour le recyclage des pneus et l’avons transféré aux composites », explique Laura Pech. « Le composite est chauffé à la vapeur d’eau afin de décomposer la résine de la matrice et extraire les fibres de carbone. Nous récupérons des fibres qui conservent leurs propriétés à 99% et des gaz qui seront valorisés. »
Traiter 200 tonnes dès 2019
L’entrée des entreprises STS Groupe et Freyssinet Aeroequipment à hauteur de 600.000 euros au capital d’Alpha Recyclage Composites devrait accompagner un changement d’échelle. « L’enjeu est de construire un réacteur et de commencer à approvisionner les premiers clients en séries testées avec l’objectif de traiter 200 tonnes dès 2019 et ensuite 400 tonnes d’ici 2022 », précise la dirigeante. Deux gisements sont visés : les avions et véhicules en fin de vie et, immédiatement accessibles, les chutes de production.
Les deux industriels de l’aéronautique seront donc d’une aide précieuse pour capter les gisements existants et identifier les besoins des clients pour créer des débouchés pour la fibre recyclée. Selon Laura Pech, « c’est là que réside la plus grande difficulté car nous devons trouver un marché ». C’est pourquoi le projet a reçu le soutien de la DGA dans le cadre d’un programme de recherche RAPID ainsi que de la BPI. Objectif : trouver des applications dans l’automobile et le nautisme.
Pour prendre son nouveau virage, Alpha recyclage Composites prévoit quinze recrutement d’ici fin 2019. Elle vise le million d’euros de chiffre d’affaires dès 2019 et 2 à 3 millions à horizon 2020.
Aurélie de Varax
Sur la photo : le pilote de vapo-thermolyse développé en laboratoire. Photo DR