
Quand les agglomérations de San Sebastien et d’Irun finissent par se rejoindre, comment préserver des corridors écologiques ? Quelle limite donner à la ville en aval de la Garonne ? La Vallée de l’Hers peut-elle devenir un pôle vert ? Et Lisbonne va-t-elle réussir à préserver son agriculture maraîchère ? De l’Espagne, au Portugal, en passant par la France, le programme européen Naturba arpente au sens propre les franges urbaines, là où la ville finit par rejoindre la nature. « Parce que c’est sur ce territoire que la ville bouge le plus, précise Anne Peré présidente de l’Association des Professionnels de l’Urbanisme de Midi-Pyrénées, où la pression urbaine s’exerce vraiment. » Pour ces experts de terrain, ces no man’s land en cours de métamorphose sont des lieux de prédilection pour effectuer des expérimentations grandeur nature. « Comment ? En réfléchissant ensemble, avec le monde de l’agriculture et le monde urbain, à donner la priorité à l’espace naturel. Pour cela il faut négocier avec l’espace urbain. L’agglomération de Moursia, au sud de l’Espagne, se rapproche d’un endroit construit de façon millénaire, un oasis au milieu du désert où les anciens retenaient l’eau pour irriguer la vallée. Il y a là une zone agricole très riche. Nous devons préserver ce patrimoine, en renouvelant le savoir des anciens. »
Pendant ce temps, en Espagne, entre mer et montagne, les agglomérations de San Sebastien et d’Irun fusionnent. « Là la question est : que préserver en priorité, puisque la conservation de la nature est indispensable et que l’urbanisation se poursuit. » Plus près de chez nous, en aval de la Garonne, dans la zone de Blagnac et Fenouillet, la ville cherche aussi sa limite. Face à elle, l’agriculture maraîchère veut reconquérir son territoire. « Dans le cadre du Schéma Directeur de l’Agglomération, arrêter l’étalement urbain, préserver des espaces de respiration est une priorité. » Les experts de Naturba se rendent alors sur tous les sites en observation. Sur le Sicoval, dans la Vallée de l’Hers, on cherche une identité qui fédèrerait les rives de l’Hers. « Ce peut être un coeur vert, un parc urbain central. En partant de la nature, pour créer quelque chose d’adapté au lieu, nous inversons le regard que l’on pose habituellement sur l’urbanisation. »
Virginie Mailles Viard
Sur la photo, Anne Peré présidente de l’APUMP. Copyright Théo Renaut
Naturba a rassemblé les métropoles et partenaires suivants : Toulouse (APUMP - Association des Professionnels de l’Urbanisme de Midi-Pyrénées - et SMEAT - Syndicat Mixte d’Etudes de l’Agglomération Toulousaine) – Lisbonne (Communes de Palmela, Barreiro, Loures) – Murcia (Région de Murcia) – San Sébastian/Irun (Etorlu Gipuzkoako Lurra).