Difficile d’attraper Thierry Salomon. A la fin de l’atelier sur les transitions énergétiques, il fallait jouer des coudes pour s’adresser au porteur du projet Negawatt. Pourquoi ? Parce que Thierry Salomon et ses ingénieurs ont planché sur un scénario de sortie du nucléaire pour 2050, et une baisse de 65% de notre consommation énergétique.
Le scénario de Negawatt

Les maîtres mots : sobriété énergétiques, efficacité et développement des énergies renouvelables. Un triptyque vertueux, qui repose sur le concept du « négawatt », ou consommer moins pour mieux dépenser. Une théorie développée par le physicien Amory Lovins. Ce prix Nobel alternatif a calculé que l’on pouvait très bien se passer des énergies fossiles si l’on divisait par quatre notre consommation. Il a baptisé son étude Facteur 4. Pour cela il faut réduire la consommation d’énergie grâce à un comportement sobre et responsable, améliorer l’efficacité de cette consommation par l’innovation technologique, et développer les énergies renouvelables. L’idée étant bien sûr de combiner ces propositions. Lovins l’a pensé, l’équipe d’ingénieurs de l’association Negawatt l’a fait.... sur 27 pages, mais cela donne déjà une idée de l’éventail des modifications à adopter.

Thierry Salomon part du principe que l’on a perdu la notion même de l’énergie et qu’il faut donc se la réapproprier. La sobriété énergétique serait par exemple de supprimer les éclairages publicitaires nocturnes. « Nous devons trouver le meilleur compromis possible entre un service énergétique supérieur, et une consommation plus faible. Fukushima a fait s’effondrer un tabou, on peut maintenant parler de la sortie du nucléaire, mettre la question sur la table ! Les Allemands confirment leur sortie du nucléaire, ainsi que le PDG de Siemens ! On peut aller vite, si les esprits sont prêts à le faire. Notre crédibilité est de plus en plus forte. »
Si le scénario travaille sur les énergies vertes, comme le solaire ou l’éolien, il fait la part belle à la biomasse. Mais où peut-on économiser de l’énergie ? Dans le bâtiment répond Negawatt, où l’on pourrait économiser 63% de la consommation. Pour cela, il table sur une baisse du nombre d’habitants par foyers français, une réduction des surfaces habitables, et un travail de fond sur l’isolation. Les transports aussi pourraient voir leur diminuer leur consommation de 67 % ! On peut légitimement s’interroger sur certains points de cette étude, que ce soit la prévision de baisse du nombre d’habitants par foyer, ou la non prise en compte des innovations technologiques qui vont forcément changer la donne d’ici 2050.
Virginie Mailles Viard
Sur la photo Thierry Salomon - Crédit photo Frédéric Lancelot
– Une série de portraits réalisée en partenariat avec :