« Nous sommes à un tournant dans l’action » a souligné Martin Malvy, président de la Région Midi-Pyrénées, et parrain de l’initiative. Treize ans après la catastrophe d’AZF, les acteurs régionaux ont ouvert une nouvelle page en officialisant la naissance d’un Cluster chimie verte, le 20 janvier 2014. « Notre objectif est de rapprocher des entreprises entre elles pour mutualiser les compétences, faciliter les synergies et les aider à générer de nouveaux projets issus de l’innovation » a déclaré Cédric Cabanes, président de l’Union régionale des industries chimiques (UIC) de Midi-Pyrénées qui porte ce projet depuis 2012. Un projet financé, à ce jour, par ses adhérents.
Avec un marché en augmentation de 200 millions d’euros en Europe d’ici 2020, la chimie verte est une pépite sur laquelle Midi-Pyrénées entend combiner tous ses atouts. Pour innover et créer des emplois. Le secteur de la chimie emploie 5100 personnes dans 134 sociétés. 37 d’entre elles adhèrent à ce nouveau cluster. Il se branche sur l’écosystème existant, y compris les pôles de compétitivité et les autres clusters de la Région, pour échanger des bonnes pratiques et innover dans la transversalité.
L’avenir est à la chimie verte
Habillement, alimentation, santé, transport, télécommunications… La chimie irrigue notre vie quotidienne avec son lot de solutions mais aussi de questions. De nombreux toxicologues ne cessent d’alerter sur les effets "cocktails" de certaines substances chimiques sur la santé et l’environnement [1]. Remplacer les produits issus de la pétrochimie par des matières premières renouvelables, en particulier d’origine végétale, c’est un des enjeux de la chimie verte. Et aussi favoriser l’usage de nouveaux procédés chimiques et voies de synthèses propres.
L’enjeu pour la santé et l’environnement vient d’ailleurs de faire l’objet de deux actualités qui prouvent que, même si la réglementation bouge lentement, il n’y a pas d’avenir sans chimie verte. Début janvier un projet de loi visant à interdire les sacs plastiques à usage unique dits oxofragmentables ou oxo-biodégradables était déposé à l’Assemblée nationale au nom du "principe de précaution". Un projet d’avis de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) confirmait lui des effets toxiques "probables" sur le rein, le foie et la glande mammaire liés à une exposition au Bisphénol A proposant, à titre provisoire, de diviser par 10 le seuil d’exposition des citoyens.
Les atouts de Midi-Pyrénées
« Notre Cluster s’attachera à favoriser les partenariats avec les laboratoires de recherche publics et privés de Midi-Pyrénées reconnus mondialement pour leur expertise en matière de chimie verte » a souligné Cédric Cabanes. A commencer par le laboratoire de chimie agro-industrielle, rattaché à l’INP (Institut national polytechnique) Toulouse et à l’Inra qui travaille déjà sur de nombreux projets de création de produits "biosourcés" avec les entreprises et le pôle de compétitivité Agri Sud-Ouest Innovation. Autre atout : le tissu économique régional puisque les trois piliers de l’industrie régionale - l’aéronautique, le secteur de l’agroalimentaire et celui de la santé avec notamment le cancéropole - sont intéressés par ce type de chimie.
Enfin, première région agricole de France, Midi-Pyrénées est un terreau fertile pour les nombreuses entreprises spécialistes de l’extraction et de la valorisation de molécules d’origines naturelles. Comme Végéplast, Agronutrition ou encore les Laboratoires Pierre Fabre, tous trois membres du cluster. « Nous sommes dans une logique d’amélioration continue et c’est ensemble qu’on avancera plus vite », a déclaré Philippe Maillos, directeur du développement et de l’industrialisation des principes actifs pour les Laboratoires Pierre Fabre. Au niveau national, la compétition se joue avec les régions Rhône-Alpes et Champagne Ardennes. Mais Cédric Cabanes souligne qu’il faudra trouver des synergies entre les trois régions pour booster la chimie verte française à l’étranger.
Premier projet : cartographier les acteurs
La première des activités du cluster est lancée et sera livrée à la fin du premier semestre 2014 : une cartographie de l’ensemble des acteurs de la filière industrielle sur le territoire, mais aussi des acteurs de la formation et de la recherche. A partir du mois de mars, le cluster travaillera sur une gestion mutualisée des déchets, et sur un recensement des matières premières naturelles de la région afin de collaborer avec le tissu agricole régional.
Par ailleurs, chacun des adhérents a aussi ses attentes propres, autant de projets ou de groupes de travail qui pourront voir le jour. « Notre intérêt le plus direct est sur l’aspect réglementaire » explique Jérôme Villeneuve, directeur de Seppic. « Nous voulons regrouper de façon synthétique les problématiques rencontrées pour proposer des solutions de simplification dans les procédures. »
Pour le Laboratoire Pierre Fabre, c’est plus le maillage avec des organismes de recherches publics et d’autres industriels pour « partager les avancées au profit de l’innovation ».
Aurélie de Varax
Sur la photo : Cédric Cabanes, président de l’Union des industries chimiques (UIC) de Midi-Pyrénées. Photo Hélène Ressayres Touléco.
Notes
[1] Comme le bisphénol A, le phosgène présent dans de nombreux plastiques ou les perturbateurs endocriniens.
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