Les industriels face à l’affichage environnemental

Partager cet article

En pleine déferlante de développement durable, l’affichage environnemental n’attend pas : voilà des années que la Nouvelle-Zélande vante la faible consommation en carbone de son cheddar, comparé au cheddar anglais. La bière japonaise étale également son « footprinting », son empreinte carbone. Et nous ? Christophe Hevin de l’Ademe présentera, lors du prochain petit-déjeuner de l’Arpe à Fleurance (Gers) le 25 septembre, l’expérimentation de l’affichage environnemental menée au niveau national.


« On est en retard, mais on avance en profondeur », concède Christophe Hevin, chargé de mission à l’Ademe* Midi-Pyrénées. « Poussée par le Grenelle de l’environnement, une plateforme sur l’affichage environnemental, en partenariat avec l’Afnor* est opérationnelle. Et une base de données généraliste doit voir le jour fin 2012. »



Cette dernière doit permettre aux industriels de faire le point sur la consommation en CO2, en eau, de leurs produits, et d’en donner l’empreinte écologique aux consommateurs. Mais avant d’aller piocher dans la base de données, l’industriel doit réaliser une analyse de cycle de vie de son produit : en faire le tour, dans le moindre détail, et estimer son coût environnemental. Faut-il le transporter par camion, par bateau, a-t-il besoin d’eau, d’électricité ? Scanné de long en large de son existence, jusqu’à l’étape du déchet, le produit affichera son émission de CO2, son indice carbone, sa consommation d’eau... 
Toute une vie qui finira en quelques chiffres sur une étiquette. Mais derrière ce petit bout de papier, la bataille fait rage. 



Un sujet difficile

Les débats sont houleux comme en témoigne Christophe Hevin en charge de la création de la base de données : entre le choix des méthodes de calculs, des informations à donner ou pas, - doit-on vraiment étaler au grand jour le nombre de kilomètres que font certains pots de yaourts ? - et la crainte d’afficher aux yeux de tous des informations complexes qui pourraient desservir le produit... 


« Le sujet est difficile, parce qu’il s’agit pour les entreprises de communiquer. Et que la démarche est entre le volontariat, et l’obligation du Grenelle. Nous travaillons sur la méthodologie, et sur l’homogénéisation des données. Jusqu’à ce jour ces données étaient détenues par des bureaux privés, elles vont maintenant être publiques. Le secteur agro-alimentaire est le plus difficile à appréhender. Si l’on aborde le poulet par exemple, l’impact en CO2 du poulet industriel est plus faible que celui du poulet label ou bio », poursuit Chrisophe Hevin. 
Pour éviter des aberrations de ce type, et pour sortir le poulet bio d’une impasse purement mathématique, l’Ademe, qui travaille de concert avec l’Institut national de recherche agronomique (Inra) et les centres techniques professionnels, propose une approche multi-critères.

« Il faut tenir compte du maintien des activités, du maintien des paysages, de la consommation en eau, en électricité, pour équilibrer l’ensemble de ces données. Mais plus on avance, et plus on manque de données scientifiques, qui nous permettraient d’être plus pointus. Aujourd’hui nous avons des données très génériques, mais nous devons aller plus loin. Notre travail est très évolutif, nous sommes dans une démarche d’amélioration continue », assure Christophe Hevin.

Des entreprises engagées




Le Ministère de l’environnement attend avec impatience cette base de données providentielle : elle devrait selon lui aiguiser les appétits concurrentiels des entreprises, et revêt de surcroît un enjeu international. Qui sait, cette base de données, et surtout les méthodes de calculs choisies, sera peut-être l’étalon de l’empreinte écologique des produits distribués demain dans le monde entier ?
 Parallèlement à la création de cette base, depuis juillet 2011, 168 entreprises françaises participent à une expérimentation de l’affichage environnemental.
Virginie Mailles Viard

En savoir plus

Consommation responsable, le mardi 25 septembre 2012, 9h-11h,
au Centre pédagogique des sciences de la terre et du développement durable (Moulin du Roy), à Fleurance (Gers).
Encore plus d’infos sur : http://petitsdejeuners.arpe-mip.com/consommation-responsable-le-mardi-25-septembre-2102-9h-11h/

Retrouvez un dossier sur l’affichage environnemental dans le cahier ToulÉco Green du numéro d’automne de ToulÉco le mag, à paraître en octobre.

*Ademe : Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe)
*Afnor : Agence française de normalisation

Sur la photo : Christophe Hevin, chargé de mission à l’Ademe Midi-Pyrénées. Crédits : Hélène Ressayres - ToulÉco

Réagir à cet article

Source : https://www.touleco-green.fr/Les-industriels-face-a-l-affichage-environnemental