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Les défis de la filière bio en Midi-Pyrénées



L’agriculture bio régionale a une production diversifiée, à même de satisfaire les consommateurs locaux. Audrey Massié, déléguée générale de la Fédération régionale des agriculteurs biologiques (Frab) de Midi-Pyrénées, rappelle les points forts et les enjeux de cette filière stratégique. 


Audrey Massié, comment cette filière est-elle répartie sur le territoire régional ? Y-a-t-il des départements plus dynamiques que d’autres ?

La région compte 2600 exploitations en bio, 512 transformateurs et 204 distributeurs. Les transformateurs et distributeurs sont plutôt concentrés sur la région toulousaine. Concernant les exploitations agricoles, il en existe bien sûr dans tous les départements de la région. Nous avons trois départements qui se distinguent en Midi-Pyrénées : l’Ariège, dont 11.8% de sa surface agricole utile (SAU) est en bio, l’Aveyron avec 7,2% de sa SAU en bio, et le Gers qui est le premier département français en grandes cultures bio.

Quels sont les produits les plus représentés ?

_Midi-Pyrénées est très grande et très diversifiée. Ainsi, elle peut offrir un panel très large de produits en bio : de la viande au maraichage, en passant par les fruits ou les céréales par exemple. C’est justement un atout de notre région comparée à d’autres qui sont beaucoup plus spécialisées que nous. Ensuite, si on descend à un niveau plus local, il est clair qu’il y a beaucoup de maraichage autour de Toulouse vu le bassin de consommation que cela représente. Les zones d’élevage sont plutôt situées en Aveyron et en Ariège. Les grandes cultures sont beaucoup présentes dans le Gers... Notre région est en tête pour la production de grandes cultures, céréales mais aussi oléoprotéagineux, soja, tournesol, ou encore les légumes secs, lentilles, pois... Nous avons à ce titre de grande capacité de stockage, via des coopératives, chez nous en Midi-Pyrénées, ce qui est un atout incontestable.

Est-ce qu’il y a des progrès en cours sur le secteur de la transformation ? La région se place au huitième rang au niveau national...
Malgré leur progression - de 280 en 2004 à 512 en 2012 - nous manquons encore de transformateurs dans notre région pour pouvoir valoriser au maximum la production régionale et la transformer et la distribuer localement. Il y a donc encore des progrès à faire de ce côté là.

Quelles vont être les retombées de la nouvelle politique agricole commune sur l’agriculture biologique ?
Deux éléments de contexte vont impacter le développement de l’agriculture biologique dans les prochaines années. Au niveau européen, la nouvelle PAC se met en place. Nous espérons que les aides du deuxième pilier qui seront consacrées au bio soient fortement incitatives, c’est-à-dire qu’elles soient plus importantes que toutes les autres aides. Ce point est actuellement en cours de négociation, notamment au niveau régional puisque à partir de 2014 se sont les régions qui auront en charge la gestion d’une partie des fonds européens. Au niveau national, le ministère de l’Agriculture vient de lancer le plan Ambition bio 2017. Ce plan donne comme ambition un doublement des surfaces en bio d’ici quatre ans. Il établit des axes de travail tant sur l’accompagnement des producteurs, que sur la structuration des filières ou le développement de la consommation.

Aux côtés de la volonté politique, quels sont les autres facteurs qui peuvent jouer en faveur de cette filière ?
Le domaine de la restauration hors domicile - les cantines scolaires, les restaurants d’entreprise - est également un secteur clef à investir. La Frab de Midi-Pyrénées mène tout un travail d’accompagnement et de formation des élus locaux et des gestionnaires de cantines pour favoriser l’introduction de produits bio dans les cantines. Cela permet de créer de nouveaux débouchés pour les producteurs mais c’est également un levier pour développer la consommation. Des études ont montré que les parents d’enfants qui mangent bio à la cantine achètent plus de produits bio.
Les leviers financiers sont également importants. Il est nécessaire que les pouvoirs publics et l’État investissent pour le développement de l’agriculture biologique en soutenant directement les producteurs, la création de structures économiques facilitant la commercialisation de la production, les structures d’accompagnement.

Quel avenir projetez-vous pour cette filière en Midi-Pyrénées ? Vous semble-t-il que les citoyens de notre région sont particulièrement sensibles ?
La progression de l’agriculture biologique va se poursuivre dans les prochaines années. Il est nécessaire de consolider ce secteur pour qu’il puisse se développer de manière durable. Nous n’avons pas de données pour dire que les citoyens de notre région sont plus sensibles que les autres mais il est clair que la consommation de produits bio continue d’augmenter en France. Cette agriculture vient donc répondre à des attentes qui sont de plus en plus fortes : manger des aliments de qualité, protéger l’environnement, préserver l’emploi. C’est ce message là que nous voulons transmettre dans notre campagne « Bio et local, c’est l’idéal ».
Propos recueillis par Virginie Mailles Viard

Sur la photo : La ferme bio Izaut Rustica (Haute-Garonne), spécialisée dans les oeufs et le maraichage bio.

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Source : https://www.touleco-green.fr/Les-defis-de-la-filiere-bio-en-Midi-Pyrenees%E2%80%A8%E2%80%A8,11559