Agnès Langevine, que nous apprend l’étude socio-économique sur les impacts du scénario Repos 2050 [1] ?
Agnès Langevine : C’est la première fois que nous avons des mesures d’impact définies avec des hypothèses régionales. L’étude table sur une augmentation de 3,9% du PIB d’ici 2050, la création nette de 94.000 emplois, la réduction par deux des factures énergétiques annuelles des ménages (la moyenne est actuellement à 2300 euros). Soit une augmentation du pouvoir d’achat de 7%. Ce type d’étude a des limites car nous ne maitrisons pas le coût du baril et ni les tensions géo-politiques mais il faut contrecarrer des argumentaires qui affirment que la transition énergétique va supprimer des emplois. Au contraire elle crée de l’activité économique et le secteur du bâtiment en sera le premier bénéficiaire.
Quelles sont les grandes difficultés à surmonter ?
Au-delà de l’ambition politique, des moyens à mobiliser, de la richesse des gisements naturels à exploiter en Occcitanie, la grande question qui était au coeur de cette rencontre est : comment accélérer cette transition, à la fois le rythme de la massification des rénovations des logements et celui de l’émergence de projets d’énergies renouvelables ? Nous avons un parti pris très fort pour lever certaines difficultés en terme d’acceptation : travailler en amont sur des conciliations d’enjeux (éolien et biodiversité, hydroélectricité et biodiversité) et tout ce qui est acceptation sociétale des projets dans les territoires, en particulier sur l’éolien terrestre. Sachant que les collectifs d’opposants exagèrent les chiffres : le scénario ne prévoit pas de multiplier par sept le nombre de mâts mais la puissance installée notamment en utilisant largement le repowering [2] des premiers parcs qui arrivent en fin d’installation.
Comment encourager l’acceptabilité des projets ?
Plus nous serons dans l’objectivation des débats, plus nous y arriverons. Il faut que les collectivités et les citoyens puissent garder la main sur les projets d’aménagement. Nous avons d’ailleurs lancé vendredi un nouvel appel à projet pour aider les collectivités à définir le projet de transition énergétique de leur territoire. Jusqu’alors des développeurs, parfois en mode farwest, venaient les démarcher avec des études clés en main et la promesse de moyens dans un contexte budgétaire serré. Nous voulons les outiller pour qu’ils définissent eux-mêmes leur projet de territoire. Plutôt éolien, biomasse, solaire etc., ces choix leur appartiennent et nous allons les accompagner sur la réalisation des études, les étapes de concertation avec les habitants, la faisabilité financière des projets jusqu’à la mise en concurrence de plusieurs développeurs. Nous voulons les aider à inverser le rapport de force. Ils pourront alors choisir leur modèle économique avec la possibilité de pouvoir garder 50% du capital et d’associer le financement citoyen. Si on arrive à accompagner les communes dans cette définition, les projets se passeront mieux. En misant sur la dimension collective et participative, nous faisons le pari de pouvoirs accélérer cette transition.
Propos recueillis par Aurélie de Varax
Notes
[1] Il fixe la trajectoire pour que l’Occitanie devienne une région à énergie positive d’ici 2050. Au menu : une baisse de 40% des consommations d’énergie et un triplement de la production d’énergies renouvelables.
[2] Une opération de « repowering » permet de tirer parti des innovations et de remplacer d’anciennes éoliennes par des modèles plus grands, plus puissants et présentant un meilleur rendement. Elle permet ainsi d’augmenter la production électrique d’un site, de réduire ses coûts d’exploitation ou encore ses impacts environnementaux.