Si les conversions au bio ont le vent en poupe en Occitanie, nombreux sont aussi les céréaliers, arboriculteurs et viticulteurs réfractaires. Rappelons que la région Occitanie à dominante agricole et viticole fait partie des régions les plus consommatrices de pesticides avec six départements dont les ventes moyennes mensuelles sont situées entre 200 et 400 tonnes. C’est dans ce contexte qu’a germé la start-up EQO et son idée innovante d’optimiser l’eau de dissolution utilisée par les agriculteurs pour réduire les doses de pesticides.
Fille et petite fille d’agriculteurs et donc sensibilisée à la problématique du dilemme entre utilisation des produits phytosanitaires, rendement et protection de l’environnement, Audrey Durand a co-fondé l’entreprise en mai dernier avec son père. Elaborée en partenariat avec un bureau d’étude catalan, l’innovation repose sur une machine dotée d’un logiciel et d’une interface tactile permettant d’optimiser les paramètres de l’eau pour l’adapter totalement à la matière du produit : déminéralisation, ajustement du PH à celui du produit utilisé et de la température, ajustement de la conductivité. L’analyse de l’eau se programme la veille d’un épandage, l’eau est alors pompée et ajustée dans une citerne pour son utilisation le lendemain. « Si l’agriculteur récupère 30% d’efficacité, il peut baisser la dose de la matière active de 30% pour un même rendement. En fonction des parcelles, du climat et de la pression parasitaire, la réduction peut monter à 50% », précise Audrey Durand.
Une innovation portée par le plan Ecophyto 2
Il faut dire que la réglementation est favorable à l’arrivée de ce type de solutions. « Les récentes obligations du plan Ecophyto 2 imposent aux distributeurs de produits phytosanitaires une réduction de 50% de leurs ventes d’ici 2025 via la mise en place depuis juillet du système des CEPP [1]. C’est dans leur intérêt de commencer à proposer aux agriculteurs la vente de solutions alternatives comme notre système EQO Modul », précise Audrey Durand. L’équipement est d’ailleurs en cours de référencement auprès du Ministère de l’agriculture.
D’ici fin décembre, EQO devrait avoir livré sur la région ses dix premières unités, fabriquées à Barcelone et assemblées sur place. Huit agents commerciaux seront recrutés dans le Sud ainsi qu’un réseau d’apporteurs d’affaires parmi les négociants. Pour 2017, la société table sur la vente de vingt-cinq unités, soit un chiffre d’affaires de 650.000 euros. « Pour l’agriculteur, en fonction des surfaces, le retour sur investissement est de l’orde de deux ans pour un céréalier et un an pour un arboriculteurs » précise Audrey Durand. De quoi en séduire plus d’un.
Aurélie de Varax
Sur la photo : Audrey Durand vient de livrer cette semaine le troisième EQO Modul à une grosse exploitation gersoise. Photo DR.
Notes
[1] Certificats d’Economie de Produits Phytosanitaires : ils seront décernés aux distributeurs de produits phytosanitaires qui auront incité les agriculteurs à adopter des pratiques économes en leur proposant des produits ou services alternatifs. Ces nouvelles prestations rémunératrices compenseraient, d’une certaine façon, la baisse du chiffre d’affaires qui ne serait alors pas réalisé par les distributeurs engagés dans le nouveau dispositif de certification