
Une région sur le haut du podium français pour ses activités agricoles peut se lancer dans la création d’une filière industrielle biogaz. Mais cette industrie ne concerne pas que l’agroalimentaire. Le biogaz peut provenir des déchets bio-organiques, des lisiers et fumiers agricoles, mais également des boues des stations d’épuration et des ordures ménagères.
Le principe de la méthanisation repose sur un procédé de dégradation de matières biodégradables. Des bactéries digèrent la matière et produisent du gaz. Une fois épuré, le biogaz peut être injecté dans le réseau de distribution. On produit ainsi un gaz naturel, local et renouvelable. Il peut servir à fournir de la chaleur, de l’électricité, ou être un gaz de réseau. On transforme également les bio déchets en amendement organiques pour nourrir les sols. La méthanisation recèle donc un double enjeu : l’énergie et la fertilisation des sols, ainsi le recyclage des matières bio dégradables.
Midi-Pyrénées : une filière déjà existante
Différents secteurs sont donc visés par cette pépite énergétique largement plébiscitée en Allemagne, ou en Chine qui a érigé en culture le biogaz à la ferme. On y dénombre aujourd’hui 7 millions d’installations individuelles. Si la France est loin du compte, comme l’explique Christian Couturier, directeur du pôle énergies au sein du bureau d’études Solagro, qui accompagne les projets en Midi-Pyrénées, c’est une question de cycles : « Nous sommes le quatrième pays en Europe en termes de production, au même niveau que les Pays Bas ou Tchèques. Nous n’avons pas encore misé sur ces énergies-là. En France, en 1981, un quart des boues étaient traitées par méthanisation. Aujourd’hui on assiste à un nouveau développement. » Les tarifs d’achat de l’électricité issue du biogaz ont rendu la filière attractive.
En attendant, en Midi-Pyrénées, la filière a déjà un vrai visage : 71 projets sont en phase d’études, et 17 unités fonctionnent sur le territoire. La SARL Biogaz du grand Auch (32), portée par Naskeo Environnement, valorise le fumier et le lisier du secteur agricole et viticole. Elle produit 1,1 mégawatt électrique, qu’elle vend à ErDF, et produit de la vapeur pour une usine voisine. Autre fleuron de la région, l’entreprise Boyer à Moissac (82) spécialisée dans les melons. Son unité valorise 2500 tonnes de déchets également par cogénération : électricité, chauffage, eau chaude sanitaire. La société d’ingénierie Valbio conçoit quant à elle des unités de méthanisation pour les traitements d’effluents et pour les fromages. Autre exemple, celui de Cler Verts, à Belesta Lauragais (31), spécialisée dans le compostage, crée une usine de méthanisation de 10.900 tonnes de capacités, et accueille sur son site une plateforme de recherche de l’Insa.
Volontaire pour créer une logique de filière, et outiller les territoires, la Région a mis en place des aides et des actions pour identifier les zones prometteuses. Ses études de terrain ont permis de mesurer un potentiel de biogaz de 2200 gigawatts heure par an, et de projeter la création de 1000 emplois directs.
Virginie Mailles Viard
Sur la photo : En décembre, lors des premières Rencontres biogaz en Midi-Pyrénées, Patrick Corbin, directeur régional sud-ouest de GrDF, et Martin Malvy, président de la Région, ont signé une convention de partenariat relative au biogaz et à la précarité énergétique. Crédits : Frédéric Lancelot