
Leur objet social est la lutte contre l’exclusion par la création d’emplois. Les Relais, nés de la fondation Emmaüs, se sont donnés pour mission de collecter et de recycler des textiles en ouvrant les voies de la réinsertion aux personnes en grande difficulté. Implantés originellement dans le Nord-Pas-de-Calais, où ils sont nés il y a 30 ans, les Relais s’installent prioritairement dans les zones très sinistrées, où ils créent, selon la formule d’Elodie Bonnemaison, directrice des Relais 65 et 32, « un véritable appel d’air, une bouffée d’oxygène. »
Ce fut le cas en mars 2012 pour le Relais 32, installé à Marciac, en lieu et place d’un ancien magasin de meubles. « C’est une zone rurale enclavée, qui est au centre d’un no man’s land. Il y a une véritable recherche d’emplois dans ces territoires-là. » Ce fut un retour aux sources pour la nouvelle directrice qui a trouvé, dans le village de ses parents, un soutien indispensable à la réalisation de son projet. « Le maire de Marciac m’a beaucoup aidé, ainsi que le conseil général et la Région, et Pôle Emploi pour l’aide au recrutement. » Plus de 100 personnes ont candidaté aux vingt postes disponibles.
Statut Scop
Le Relais 32 est conventionné “entreprise d’insertion” par la Direccte, (Directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi), ce qui l’engage à l’égard des personnes éloignées de l’emploi. Et lui permet, durant les deux premières années de contrat, de bénéficier d’une aide à hauteur de 40% des salaires chargés. « Cette aide nous permet d’avoir une personne dédiée pour accompagner les salariés dans leur recherche de logements, garde d’enfants, ou de les guider pour sortir du surendettement ou d’addictions. » Elodie Bonnemaison, ancienne chargée de développement économique de la communauté d’agglomération de Pau, a rencontré dans le schéma des Relais, « le trépied modèle, un système économique viable, qui allie l’écologie et le social. » Les Relais ont le statut de Scop, « c’est à dire qu’il n’y a pas d’actionnaire extérieur, que les salaires sont plafonnés de 1 à 3, et que les salariés élisent leur gérant et leur conseil d’administration. Les bénéfices réalisés vont à 50% pour créer de l’emploi, et le reste est distribué aux salariés en fonction du temps de travail effectué. »
Des collectes gratuites pour les collectivités
Les salariés récupèrent les vêtements dans des containers de collecte, disposés sur des parkings de grande surface ou dans des communes. Ce qui est « nouveau pour les collectivités », souligne la directrice du Relais 32, « c’est la gratuité de ces collectes, qui représente une réelle économie pour le contribuable. » Les vêtements en très bon état, soit 5% des collectes, sont revendus dans une friperie, Ding Fring, qui réalise le chiffre d’affaires du Relais. Puis 45% des vêtements sont exportés dans des Relais en Afrique, et 50% sont recyclés, « en isolant thermique, ou en chiffon d’essuyage ». « Nous maîtrisons la totalité de la chaîne », signale Emilie Bonnemaison.
Cette volonté de couvrir l’ensemble du circuit du déchet est aiguillonnée par le secteur de plus en plus concurrentiel de la collecte et du recyclage des déchets ménagers. Une entreprise comme Sita, spécialiste du déchet, est un concurrent de poids, reconnaît Elodie Bonnemaison. « Mais nous œuvrons dans l’économie sociale et solidaire. Aujourd’hui 30 personnes travaillent au centre de Pau, et 44 à Marciac. Notre objectif en 2013 est d’atteindre les 100 salariés sur les deux sites. » Relais 32 vient de répondre à un appel d’offre de la communauté urbaine Toulouse mé&tropole, et espère ouvrir un Relais 31 cette année.
Virginie Mailles Viard
Les chiffres clés du Relais 32 :
– Début d’activité : janvier 2012
– Ouverture du centre de tri : 2 mai 2012
– 30 emplois créés dont 22 contrats d’insertion
– Estimation de la collecte : 3000 tonnes par an.
– 7 départements couverts, plus de 700 conteneurs posés (en partenariat avec le Relais 64)
– 2 boutiques Ding Fring à Pau et Tarbes et ouverture de celle de Marciac en juillet 2012.
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