Ils sont levés depuis l’aube, et s’activent dans les couloirs glacés du Marché d’intérêt national de Toulouse, le MIN. Les salariés des Halles du Sud Ouest, installées sur l’avenue des États-Unis, transportent et empilent chaque jour des centaines de barquettes et de cageots remplis de produits frais. Un ballet incessant de camions dépose, sur cette plate-forme de 55.000m², 210.000 tonnes de produits alimentaires par an. Ils innerveront toute la région Midi-Pyrénées : grandes et moyennes surfaces, restaurants, cantines...
Si les produits ne trouvent pas preneurs dans la journée, ils demeurent sur place quelques jours, dans ces immenses entrepôts réfrigérés. Mais avant de prendre le chemin du compostage, le produit frais, s’il n’est pas vendu, va dans le circuit de l’économie sociale et solidaire. Ce sont 7 à 12 tonnes de produits par mois qui vont dans le milieu associatif.
Le déchet : un enjeu financier
Au sol, des bouts de cageots se mélangent à des déchets de fruits et légumes. Mais ici, tout est structuré, à chaque déchet son circuit : 206 tonnes de cartons, 4 tonnes de plastiques, 307 tonnes de palettes bois sont soit revendus, soit valorisés. Ainsi, les déchets bois vont alimenter des chaudières à bois dans des maisons de retraite. Dès 1996, le MIN, marché de taille avec ses 900 emplois et un chiffre d’affaire de 6,43 millions d’euros, a mis en place le tri sélectif.
Une fierté, et une nécessité financière pour Paul Mirous, directeur général : « Ici, chaque déchet est maîtrisé. Nous sommes une structure de service public, nous devons donc être exemplaires dans le traitement des déchets. Nous sommes également obligés de réduire le volume des déchets, parce que le coût de fonctionnement du recyclage est élevé. Nous comptabilisons 2036 tonnes de déchets par an, dont le coût de recyclage est de 130 euros la tonne. Ce coût est répercuté sur le grossiste, qui le répercute à son tour sur le consommateur.
»
Oranges, choux rouges ou salades trop abîmés pour la consommation finissent dans une immense benne de la plate-forme de recyclage de l’entreprise haut-garonnaise Cler Verts. Quatre mois sont nécessaires pour que ces produits se transforment en compost. Il sera ensuite utilisé, à 20 kilomètres à la ronde autour de la plate-forme installée dans le Lauragais, par les agriculteurs et les maraîchers, qui alimentent le MIN.
Jean-Luc Da Lozzo, président de la plate-forme de recyclage, assiste depuis quelques années à un changement de mentalité : « Il y a une réelle prise de conscience, même si les lois poussent les industriels à modifier leurs habitudes. Les opérateurs sont sensibles à ces démarches. »
Le MIN est dans un processus d’amélioration quotidienne de réduction des déchets. Le marché travaille actuellement avec le numéro 1 régional de l’agroalimentaire, le groupe 3A sur un projet de méthanisation.
Virginie Mailles Viard
