« Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années », cette réplique prononcée par Don Rodrigue dans le Cid, ne dépareillerait pas dans la bouche de François Ginet. Ce jeune restaurateur, âgé de seulement 22 ans, a ouvert en avril 2013, le restaurant le Mathild’a, à Villeneuve Tolosane en Haute-Garonne. La crise, le manque de confiance en l’avenir, le secteur difficile de la restauration ? Autant d’oiseaux de mauvais augure que chasse d’un revers de mains celui qui d’évidence a ça dans le sang : entreprendre.
« J’ai toujours voulu être à mon compte, être seul décisionnaire. On m’a conseillé d’attendre, on m’a dit c’est pas le moment... Mais qui ne tente rien n’a rien. » Téméraire, oui, mais stratège également, François Ginet, après une école de restauration, fait ses armes dans différents restaurants : « Je voulais tout voir, pour être sûr de mon choix. » Brasserie, gastronomie, et même le CHU de Purpan, « très à cheval sur les normes, ce qui est capital dans notre métier. »
Cet éventail d’expériences en main, il reste à trouver le local. Ce sera chose faite en 2013. Il saisit l’opportunité d’une faillite, et récupère ce qui deviendra le Mathild’a. Depuis 9 mois, François et sa jeune épouse Mathilde, ne vivent pas la vie des gens de leur âge. « Nous sommes décalés, nous ne comptons pas les heures, nous travaillons le jour, et une partie de la nuit. Mais il y a un temps pour tout, et là nous nous concentrons sur ce projet. » Un choix qu’ils assument d’autant plus, que le Mathild’a réalise 20 couverts tous les midis, que le soir « c’est complet ! », que la clientèle est fidèle, et surtout... qu’ils ont en eux "l’amour du métier".
Le coup de pouce de Cap’Jeunes
Sans caution, entourée de banquiers frileux, l’aventure de François et Mathilde Ginet, semblait vouée à l’échec. Mais la personnalité du porteur de projet, son profil de jeune entrepreneur, était calibrée pour rentrer dans les cordes du dispositif Cap’Jeunes lancé en 2013 en phase test par Midi-Pyrénées Active (MPA). Le Crédit Mutuel a contacté le financeur solidaire pour l’emploi, et « tout s’est débloqué. Nous avons présenté notre dossier prévisionnel, MPA est venue visiter le local, et s’est portée garante au niveau du prêt. » Outre cette caution bancaire, le dispositif prévoit également une prime de départ de 2000 euros, et un accompagnement.
Un parrain assure ce suivi, comme l’explique Mélanie Scardiglia de MPA. « Ce parrainage est adapté à l’âge du porteur de projet et court sur toute la durée du prêt bancaire. Le parrain est là pour anticiper les problématiques, réorienter si nécessaire vers une formation. Les jeunes que nous avons accompagnés en 2013 ne se sont pas lancés dans une création d’entreprise par défaut. Ils y croient. »
Le dispositif Cap’Jeunes en Midi-Pyrénées prévoit l’accompagnement de 30 projets supplémentaires en 2014.
Virginie Mailles Viard
Sur la photo François et Mathilde Ginet, gérants du Mathild’a
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