Soucieuse de réduire son empreinte énergétique, la cimenterie Lafarge de Martres-Tolosane inaugure ce vendredi 8 juillet un nouvel équipement de valorisation énergétique de pneus usagés, réalisé avec l’aide technique et financière de l’Ademe. Cette installation qui a coûté 2,1 millions d’euros dont 400.000 euros de l’Ademe, permet d’injecter comme combustible dans les fours les pneus entiers et non pas déchiquetés. Une première pour Lafarge, en France.
« Le gain est environnemental car nous pouvons être alimenté par le collecteur local de pneus sans passer par l’étape du déchiquetage qui s’effectue parfois à des centaines de kilomètres. Et économique, avec un coût d’élimination et donc une écotaxe moins élevée pour le client, » souligne Christophe Bignolas, directeur de l’usine. Depuis le mois d’avril, la cimenterie est en partenariat d’approvisionnement avec les réseaux Aliapur et Mobivia qui organisent la collecte et l’acheminement de 4000 pneus par jour jusqu’au site. L’introduction de ce nouveau combustible local permet une réduction de 15% de la consommation de coke de pétrole, une énergie importée via le port de Sète et transporté par rail jusqu’à Martes-Tolosane.
Objectif 80% de combustibles de substitution d’ici 2019
Il faut dire que le ciment coûte cher en CO2. Après le secteur de l’énergie, c’est l’industrie la plus émettrice à cause de son mode de production. Pour commencer,on mélange du calcaire et de l’argile. Cet agglomérat est ensuite broyé puis séché et cuit à 1 500 °C, deux opérations très énergivores. Sorti du four, ce clinker est, de nouveau, broyé avant d’être mélangé à du gypse pour la recette de base. Depuis des années, les cimentiers s’efforcent d’alléger leur empreinte et pour Lafarge, le défi passe par le changement de sources d’énergie.
Si l’usine de Martes-Tolosane utilise déjà 40% de combustibles de substitution, la modernisation de l’installation devrait se poursuivre pour atteindre les 80% d’ici 2019. « C’est inscrit dans le projet de Lafarge France qui compte investir 80 millions d’euros dans nos installations », précise Christophe Bignolas. A part la filière pneus qui n’est pas le combustible le plus écolo, l’entreprise cible également le développement d’autres substituts comme le CSR - combustible solide de récupération - produit à partir de déchets n’ayant pu être triés et recyclés.
Est également à l’étude la combustion de boues urbaines séchées en provenance des stations d’épuration. « L’ambition du Groupe est d’atteindre 75% de substitution pour la France et 50% pour les autres pays. Ce sont des filières locales et chaque région définit son propre plan d’action en fonction des déchets disponibles. C’est une forme de relocalisation de l’économie, » insiste le dirigeant.
Aurélie de Varax
Sur la photo : La cimenterie Lafarge de Martres-Tolosane s’est dotée d’un nouvel équipement permettant l’usage de pneus entiers comme combustible pour ses fours. Photo Lafarge.
1 Message