La transition énergétique s’installe en Midi-Pyrénées

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Un projet de loi sur la transition énergétique sera débattu à l’automne. En Midi-Pyrénées, comme dans les autres régions de France, les prochains mois seront donc décisifs : il s’agira de faire remonter au conseil national les recommandations des Midi-Pyrénéens dans ce grand débat. La conférence qui s’est tenue le 25 mars à l’Hôtel de région a permis de poser le paysage national et régional de la transition énergétique. 



S’il est acquis que la transition énergétique est incontournable, des questions de fond demeurent : comment la réaliser ? quels choix se présentent ? A-t-on les moyens financiers, techniques, humains, de la pérenniser ? Consommer moins, produire de façon efficace en jouant sur des énergies diverses, le temps de la transition s’étale sur des dizaines d’années, mais la France accuse déjà un sérieux retard. Elle a fixé à 20% sa réduction des gaz à effet de serre pour 2020, et seuls 3% sont atteints en 2012. Sa facture énergétique se monte aujourd’hui à 69 milliards d’euros. L’ensemble de ces données accélère le calendrier des économies à réaliser et incite le gouvernement à se rapprocher des collectivités pour décentraliser les actions à mener.

Et si la région Midi-Pyrénées peut se féliciter d’être proactive - première région de France à avoir lancé un agenda 21 - le contexte est difficile. Pour le préfet de la région Henri-Michel Comet, la région souffre principalement d’une artificialisation des sols, « une singularité régionale qui a un impact sur l’approche sociale de l’énergie. » Par ailleurs, l’étalement urbain éloigne les foyers des transports en commun et fragilise les plus modestes. En Midi-Pyrénées, 200 000 foyers sont en précarité énergétique.




Des scénarios tendanciels sur les logements et les transports



Les logements sont les premiers visés dans cette course à l’économie d’énergie. Le Schéma régional climat-air-énergie vise pour 2020 une baisse de 15% de la consommation énergétique, et de 25% pour les émissions de gaz à effet de serre. Au total c’est 40% du parc tertiaire qui va devoir revoir l’isolation et la performance des équipements. Le logement et la mobilité ont donc le premier rôle dans les scénarios tendanciels présentés par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise d’énergie (Ademe) et l’association Négawatt. Michel Peyron, directeur régional de l’Ademe a rappelé les exigences du « Facteur 4 » : « Diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre. Nous sommes face à une urgence énergétique, avec une augmentation de la population de 30% à l’horizon 2050 et des difficultés à approvisionner les pays émergents et industrialisés. Pour 2050, c’est un changement de paradigme qui s’impose, un changement d’attitude. » Qui exige une métamorphose radicale dans le domaine des transports : 1 véhicule sur 3 sera électrique selon l’Ademe. « Parmi les résultats importants de cette étude, nous devrons d’ici 2050 nous affranchir quasi-totalement du pétrole. Mais il s’agit d’une vision, non d’une prévision. »



Negawatt prévoit 100 milliards d’euros économisés pour la région Midi-Pyrénées


Pour l’association Negawatt, qui réunit des professionnels de l’énergie et des citoyens, l’augmentation du nombre de personnes vivant seules dans les années à venir invite à repenser les relations inter-générationnelles. « C’est à la fois un facteur de désocialisation et de précarisation explique Christian Couturier. L’ augmentation des prix de l’énergie contraint la mobilité et donc l’accès aux services. Pour avancer, il faut penser une autre façon de vivre ensemble, entre générations. Ce sont des avancées dans le domaine social et écologique. » Il faudra également dans ce scénario, consentir à de lourds investissements dans le bâtiment. « Il faut pour assurer la transition énergétique un principe de haut niveau de performance de la rénovation énergétique. » 
Pour la région Midi-Pyrénées, l’application du scénario de Negawatt représenterait 100 milliards d’euros d’économisés, « au profit du bâtiment, des ménages, et des industries. Les résultats de l’analyse économique qui a été menée sur le scénario par un laboratoire du CNRS sont positifs. » 
 


Il est une réalité difficile à mesurer sous la forme de statistiques : les changements de comportement qu’induit ce tournant énergétique. En se déplacant au plus près des citoyens, grâce notamment à la multiplication des débats portés par des associations, les élus espèrent engager cette métamorphose. Mais comment inciter ceux qui sont en situation précaire à se préoccuper de cette question ? Et comment sur le terrain démultiplier et décentraliser les productions énergétiques ? C’est ce qu’a soulevé cet agriculteur, dont les champs côtoient une centrale photovoltaïque de plusieurs hectares, alors que des dizaines de moulins à eau sont abandonnés le long du fleuve. Une synthèse de toutes ces questions prises en charge par des associations labellisées sera présentées le 18 juin.



Virginie Mailles Viard


Les débats en région

Les débats peuvent être organisés par tout acteur à caractère collectif. Une demande de labellisation doit être remplie sur le site : http://www.transition-energetique.gouv.fr/participer/labellisez-votre-evenement.
Les contributions individuelles seront également prises en compte dans la synthèse régionale. Les contributions des évènements localisés en Midi-Pyrénées sont transférées à la Région Midi-Pyrénées.
Après analyse, elles viennent enrichir le débat régional, qui sera restitué in fine sous la forme d’une synthèse transmise au niveau national. Les éléments constituant cette synthèse seront présentés à l’occasion de la 2ème conférence régionale sur la transition énergétique, qui se tiendra le 18 juin à l’Hôtel de Région.


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Source : https://www.touleco-green.fr/La-transition-energetique-s