La réserve de ciel étoilé du Pic du Midi, gardienne de la flore et de la faune

Partager cet article

Le Pic du Midi a obtenu jeudi la labellisation de réserve internationale de ciel étoilé. Une reconnaissance pour le site des Hautes-Pyrénées qui a des impacts sur la biodiversité et la facture énergétique des communes impliquées dans le projet.

Les visiteurs du pic du Midi auront maintenant littéralement la tête dans les étoiles. L’emblématique site des Hautes-Pyrénées est entré jeudi dans le cercle très fermé des réserves internationales de Ciel Etoilé (RICE). Il devient ainsi le 1er site d’Europe continentale et le 6ème au monde à obtenir un tel label. C’est le résultat d’un travail de longue haleine mené de front par le Pic du Midi, l’Université de Pau et des Pays de l’Adour depuis 2009 qui a travaillé avec les acteurs du territoire pour faire diminuer la pollution lumineuse et ainsi la facture énergétique. Ce changement de comportement a surtout un impact sur la biodiversité du site.

Car même à 2877 mètres d’altitude, impossible d’échapper à la pollution lumineuse : Tarbes, Lourdes, Lannemezan, et même Toulouse ou Barcelone envahissent de leurs lumières le ciel du Pic. Prévue dans un premier temps sur une surface de 50 km2, la zone cœur de la réserve représente désormais 612 km2. Elle comprend le site classé du Pic du Midi, la réserve naturelle du Néouvielle et une partie du parc national des Pyrénées. En parallèle, une zone tampon, sur plus de 3 000 km2 a été établie. Elle comprend 251 communes. Un groupe de travail, composé d’experts techniques, scientifiques, et d’acteurs locaux, a établi un cahier des charges pour la réalisation des travaux d’éclairage public et privé. « C’est un projet qui porte quelque chose de grand pour l’innovation territoriale en redonnant une place aux étoiles et à la passion qu’elles suscitent, explique Bruno Charlier, responsable scientifique du projet de RICE du pic du Midi. C’est un réel projet de développement durable, avec des applications concrètes sur le terrain consistant à repenser notre mode d’éclairage. Ainsi, nous devenons un site pilote pour l’application du Grenelle de l’environnement ».

Meilleure qualité de vie

Et les effets devraient donc se ressentir sur la biodiversité. Deux tiers de la faune et de la flore sont nocturnes. La dégradation de l’environnement nocturne fragilise les espèces et leur habitat. « On constate depuis vingt ans la disparition d’insectes, l’interruption des circuits migratoires ou la fragilisation des arbres et des végétaux, détaille Nicolas Bourgeois, chargé de coordonner le projet RICE pour la Régie du Pic du Midi, dans le cadre de sa thèse de doctorat en géographie à l’Université de Pau. Grâce à la réduction des lumières, les effets seront maintenant moindres, sans compter l’augmentation de la qualité de vie pour les hommes ».

Eclairage vers le bas, réduction du sur-éclairage et de la quantité de lumière réfléchie par les sols, temporisation des lumières aux heures de faible fréquentation ou le contrôle du spectre lumineux pour limiter la lumière blanche, les 251 communes comprises dans la zone ont joué le jeu. Le village d’Aulon a par exemple éliminé 85% de son éclairage. La commune fait ainsi 35% d’économie sur sa facture énergétique. « Cette labellisation du Pic du Midi est une double reconnaissance », a souligné hier Martin Malvy, le président du Conseil régional où l’association International Dark-Sky a remis le label. « Je m’en félicite. Reconnaissance pour le site exceptionnel du Pic du Midi mais aussi pour les nombreux acteurs qui ont su porter ce projet d’envergure internationale avec 40 000 points lumineux. »

Les acteurs économiques locaux espèrent bien toucher de nouvelles retombées touristiques. « On peut imaginer d’ores et déjà des circuits nocturnes dans cette zone préservée pour observer les étoiles en pleine nature », assure Bruno Charlier.
Julie Rimbert

Photos Kevin Figuier - ToulÉco

Réagir à cet article

Source : https://www.touleco-green.fr/La-reserve-etoilee-du-Pic-du-Midi-gardienne-de-la-flore-et-de-la,12343