
Cette année devrait leur permettre de basculer dans le statut d’entrepreneurs, via la création d’une Scop. Car depuis 2010, Mathieu Audet et Alexandre Fraysse œuvraient en « travailleurs occasionnels du bâtiment », portant un projet professionnel peu conventionnel à plusieurs points de vue : « Nous souhaitons permettre à ceux qui n’ont pas les moyens financiers de se construire une maison écologique. » Les deux jeunes gens proposent effectivement d’accompagner les auto-constructeurs dans l’édification de leur maison, en matériaux de récupération ou naturels. Pneumatique, paille et terre constituant l’essentiel du bâti.
Avec une petite dizaine de chantiers à leur actif, ils ont désormais élaboré une expertise reconnue dans ce domaine, normalisée certes, mais encore peu usitée en France quand en Amérique du nord le recours à la paille est fréquent depuis le 19ème et la mécanisation de la mise en botte ! « La paille dans tous ses états », nom qu’ils se sont donnés, est la seule structure sur le marché de la construction à offrir cette technicité.
Des matériaux issus du terrain et des environs proches
« La paille dans ses états » se pose donc comme une alternative à la construction HQE en abaissant notablement le coût des travaux autour de 250 euros le mètre carré. Pour cela cependant, il faut accepter de devenir l’artisan de sa propre maison. Mathieu Audet et Alexandre Fraysse n’intervenant que sur le volet formation, in situ et simultanée tout de même, et la coordination de chantier. Lequel doit être participatif pour le partage d’expériences bien sûr : « un moment fort qui renforce les réseaux d’échanges et qui crée du lien social », souligne Mathieu Audet.
Il s’agira donc d’apprendre à réaliser des fondations en pneus recyclés remplis de cailloux, à monter une structure bois puis des murs en paille sous tension selon le procédé géométrique du flexagone, enfin à élaborer et poser un enduit à base de terre, extraite du terrain de construction, d’eau, de sable, de paille, de foin et de sciure de bois qui va solidifier l’ensemble. Le tout pour une maison à inertie, hygro-régulante et perspirante qui génère un confort thermique d’une grande qualité. Et surtout, bâtie avec des matériaux issus de l’environnement local : « C’est l’une des meilleures alternatives écologique en Midi-Pyrénées, région fournie en cultures céréalières, en terre argileuse et en forêts exploitées » précise Mathieu Audet.
Nathalie Malaterre
Crédits photo : Hélène Ressayres - ToulÉco